La Haute Autorité de santé s’est prononcée en faveur de l’utilisation en pratique courante du séquençage haut débit ciblé pour identifier les altérations moléculaires responsables des cardiomyopathies héréditaires. L’institution estime que ces techniques de séquençage ont un intérêt en première intention pour le diagnostic génétique des patients présentant une maladie cardiaque avérée et un phénotype de cardiomyopathie suspecté d'être héréditaire. En seconde intention, cet examen est également recommandé lorsqu’une suspicion de cause génétique persiste chez des patients présentant des phénotypes particuliers de cardiomyopathies (amylose TTR, maladie de Fabry, laminopathies), après une évaluation clinique initiale et un résultat négatif à la suite d’un test monogénétique.
Plus concrètement, en face d’un cas index, les médecins sont invités à rechercher des antécédents familiaux, des caractéristiques cliniques et autres indices en faveur d’une cardiomyopathie héréditaire. En l’absence de tels signes, ou si la recherche ciblée de gène est négative, il est possible d’orienter le patient vers la recherche d’un panel plus large de gènes.
Des panels de gènes recommandés et actualisés
Le recours à de tels panels permet de réaliser en une seule fois l’analyse de l’ensemble des gènes dont les variants de séquence ont été clairement reconnus comme responsables de cardiomyopathies héréditaires avec une association génotype/phénotype robuste. L’institution fournit dans son avis un panel de 18 gènes pour le diagnostic de la cardiomyopathie hypertrophique, et un autre de 48 pour le diagnostic de diverses formes de cardiomyopathie (dilatée, arythmogène, restrictive ainsi que la non-compaction du ventricule gauche). Ces gènes ont été sélectionnés sur la base d’un « consensus fort ou relatif » dans la littérature analysée. La HAS publiera bientôt un processus d’actualisation de ces panels.
La HAS reconnaît toutefois que les données disponibles ne permettent pas d’évaluer de manière robuste les rendements diagnostiques du séquençage de nouvelle génération. Néanmoins, son utilisation semble avoir plusieurs effets positifs comme l’amélioration du suivi à long terme et l’adoption de traitements adaptés au profil génétique. Le séquençage haut débit permet aussi de diminuer l’errance diagnostique et l’incertitude pour les patients et leurs familles. Ces dernières pouvant en outre bénéficier d’aide sur la planification familiale et la gestion des risques pour les membres de la famille. Enfin, la HAS espère que ces techniques de séquençage permettront d’optimiser les ressources et les stratégies de surveillance.
En lien avec les centres de référence maladies rares
La Haute Autorité insiste sur la nécessité de respecter le cadre juridique établi pour les analyses par panels de gènes : lois de bioéthique, autorisations d’activité des laboratoires et agréments des professionnels de santé. Elle préconise par ailleurs, eu égard au contexte clinique particulier de ces pathologies rares, de réaliser ces analyses dans des laboratoires spécialisés en lien avec les centres de référence, notamment ceux de la filière Cardiogen.
Il est proposé aussi que les prescripteurs travaillent en collaboration avec ces centres experts et que les analyses familiales soient centralisées. Enfin, il est demandé que l’information du patient soit claire et que la restitution des résultats ait lieu dans un délai raisonnable afin de permettre une prise en charge adaptée à la pathologie suspectée.
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