Garantir aux femmes des soins respectueux pendant leur accouchement ferait baisser le nombre de dépressions post-partum, selon la première étude scientifique d'ampleur en France à se pencher sur le sujet.
Publiés dans la revue d'obstétrique et gynécologie BJOG : An International Journal of Obstetrics & Gynaecology, ces travaux exploitent les données de l'enquête nationale périnatale (ENP) de 2021 et associent des chercheuses de l'Inserm et l'AP-HP, l'Université Paris Cité, l'INRAE et l'Université Sorbonne Paris-Nord, en collaboration avec Santé publique France et le Collectif interassociatif autour de la naissance. Ils se basent sur les réponses à un questionnaire de 7 189 femmes de France métropolitaine ayant accouché pendant une semaine du mois de mars 2021, sondées deux mois plus tard.
22 % de femmes ayant vécu des soins irrespectueux présentaient des symptômes dépressifs
Parmi les 7 189 nouvelles mères interrogées, un quart (24,9 %) répondait positivement à la question : « Est-ce que vous avez vécu, des paroles, des gestes ou des comportements de soignants qui vous ont blessée, choquée ou qui vous ont mise mal à l’aise ? »
Parmi ces dernières, les chercheuses rapportent une prévalence plus importante de femmes éprouvant des symptômes de dépression post-partum, selon l’échelle d’Édimbourg : 21,8 %, versus 16,6 % en population générale. Cette association – qui n’est pas un lien de causalité – persiste indépendamment du risque préexistant de dépression du post-partum, et après des ajustements méthodologiques et statistiques prenant en compte de nombreux facteurs confondants, est-il précisé.
Cette « association entre soins irrespectueux subis pendant le travail, l'accouchement ou le séjour en maternité et symptômes de dépression du post-partum deux mois plus tard a été observée y compris parmi les femmes ayant un faible risque psychique préexistant ou un bas risque médical », précise Marianne Jacques, première autrice de l'étude et sage-femme. « Les soins irrespectueux en maternité apparaissent comme un facteur de risque de la dépression du post-partum. Ils seraient ainsi associés à une augmentation de 37 % du risque de développer des symptômes dépressifs après la naissance d’un enfant », développe-t-elle dans un communiqué de l’Inserm.
Ainsi,les femmes à risque élevé de dépression post-partum -en raison d'antécédents psychologiques, psychiatriques, de symptômes dépressifs prénataux…-, doivent-elles faire l'objet d'un dépistage systématique, souligne l'étude. Mais l'expérience de celles dépourvues de ces vulnérabilités doit aussi être explorée tout aussi systématiquement.
Les autrices insistent sur l’importance de mieux prendre en considération les besoins des femmes pour lutter contre la dépression du post-partum, « d’un point de vue des soignants, mais aussi institutionnel, en fournissant aux professionnels les ressources nécessaires pour garantir le respect des femmes, et en sensibilisant le public », concluent-elles.
Une limite toutefois à l’étude : les résultats ont été recueillis pendant la crise Covid, propice à l’isolement et aux troubles de santé mentale. De plus, certaines femmes ont pu juger « irrespectueuses » des mesures sanitaires (restriction des visites, port du masque obligatoire) prises alors. Les données de la prochaine ENP de 2027 sont attendues avec d’autant plus d’intérêt.
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