Arthrose : des cellules souches au Tai-Chi

Publié le 11/09/2015
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : PIXOLOGICSTUDIO/SPL/PHANIE

Si les rhumatismes inflammatoires ont tenu cette année encore la vedette à Rome, l’arthrose n’a pas été totalement oubliée. Avec notamment toute une session de recherche dédiée aux promesses des cellules souches dans cette pathologie. À cette occasion, le Pr Christian Jorgensen (université de Montpellier) a présenté les résultats de l’étude Adipoa qui a tenté, pour la première fois en Europe, l’injection intra-articulaire de cellules souches adipocytaires autologues chez 18 patients souffrant de gonarthrose sévère, avec des résultats plutôt encourageants. Chez ces patients l’injection a été bien tolérée et a permis d’observer 12 semaines après l’intervention une diminution de la douleur (-41 mm sur l’échelle VSA) et une amélioration symptomatique significative (score WOMAC divisé par 2). « Nous allons maintenant lancer un essai randomisé de phase 2 précoce pour confirmer ces résultats et tenter d’objectiver par IRM un effet bénéfique sur la chondrogenèse », espère le Pr Jorgensen alors que des travaux précliniques ont déjà mis en évidence un effet chondro-inducteur. Si les résultats sont à la hauteur des espérances, « les cellules souches pourraient être à terme utilisées dans d’autres localisations arthrosiques ».

Concernant la pratique courante, « j’ai retenu deux études », indique le Pr Francis Berenbaum (CHU Saint-Antoine, Paris). La première est négative et vient clore le débat quand à l’intérêt potentiel de l’hydroxychloroquine (HCQ) dans l’arthrose digitale. Anti-paludéen de synthèse, l’HCQ est utilisée avec succès depuis plusieurs années dans la PR et les maladies auto-immunes, ce qui avait laissé espérer une certaine efficacité dans l’arthrose. À tort si l’on en croit les résultats de l’étude menée par N. Basoski et al. Ce travail a inclus près de 200 patients de plus de 40 ans souffrants d’arthrose digitale symptomatique qui ont été randomisés pour recevoir soit 400mg/j d’HCQ, soit un placebo. Après 24 semaines de traitements aucune différence significative n’a été mise en évidence ni en terme de douleur ni en terme fonctionnel. Pour les auteurs, « ces résultats suggèrent que l’HCQ ne doit pas être prescrit chez les patients souffrant d'arthrose digitale symptomatique ».

Dans la seconde étude, C. Wang et al. ont évalué pour la première fois dans un essai randomisé, l’intérêt du Tai-Chi dans l’arthrose du genou. Cette étude a inclus 200 patients atteints de gonarthrose qui ont réalisé chaque semaine pendant 3 mois soit 2 séances de Tai-Chi, soit 2 séances de kinésithérapie puis exercice physique à domicile. Avec, à la clé, une efficacité au moins équivalente en termes de réduction de la douleur et d’amélioration fonctionnelle dans le groupe Tai-Chi pour un profil de sécurité similaire à la kiné. Des résultats qui entérinent « une alternative thérapeutique plutôt bienvenue notamment pour les personnes âgées », se félicite le Pr Berenbaum.


Source : lequotidiendumedecin.fr