Tous les 10 ans, l’étude KBP dresse un état des lieux du cancer bronchique primitif (CBP) en France. De nouveaux résultats de l’édition 2020 présentés en avant-première au 27e Congrès de pneumologie de langue française (CPLF, 27-29 janvier 2023, Marseille), mettent en évidence une nette amélioration de la survie en deux décennies.
Comme les éditions antérieures, l’étude KBP-2020 a été menée à l’initiative du Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux, qui prennent en charge environ 50 % des cas de cancers pulmonaires en France. Les données de survie dévoilées le 29 janvier montrent que « le pronostic du cancer du poumon a changé, résume le Dr Didier Debieuvre, chef du service de pneumologie au GHR de Mulhouse et coordinateur de l’étude, avec une baisse significative de la mortalité de -26,6 % à 2 ans entre les années 2000 et 2020 ». Dans le même temps, le taux de survie globale à 2 ans en cas de cancer broncho-pulmonaire est passé de 21,2 % à 47,8 % tandis que la médiane de survie a doublé, passant de 8,8 mois à 17,2 mois.
« Ces chiffres confirment noir sur blanc l’impression que nous avions déjà : grâce aux progrès thérapeutiques, les patients profitent d’une nette amélioration de leur qualité de vie et d’une espérance de vie prolongée », analyse le Dr Debieuvre.
Le stade TNM est déterminant vis-à-vis de la survie à 2 ans, appuyant s’il en était besoin de l’intérêt du diagnostic précoce : en 2020, la survie à 2 ans est triplée pour un stade I (89,4 %) par comparaison à un stade IV (31,6 %).
Un point important est que ce gain en matière de survie est présent quelle que soit l’histologie tumorale. Contrairement à toute attente, les cancers bronchiques à petites cellules bénéficient eux aussi des progrès avec une amélioration de la survie à 2 ans de 16,8 %. Les gains les plus significatifs concernent cependant les cancers non épidermoïdes par comparaison aux épidermoïdes.
Les femmes creusent encore l’écart
Si les femmes ont toujours eu un meilleur pronostic en cas de cancer broncho-pulmonaire, l’écart se creuse encore plus avec les années. En 2020, le taux de survie à 2 ans accuse un différentiel entre les sexes de 11,8 % à 2 ans, atteignant 43,6 % chez les hommes contre 55,6 % chez les femmes. Soit en 20 ans, un gain de survie à 2 ans de 32 % en population féminine contre 23 % chez les hommes.
Un autre enseignement important de l’étude 2020 est que le fait de fumer du cannabis n’impacte pas la mortalité par comparaison avec le tabac seul (y compris après ajustement sur l’histologie), mais avance l’âge de survenue du cancer broncho-pulmonaire : l’âge médian de survenue du cancer chez les fumeurs de cannabis est de 53 ans contre 65 ans chez les fumeurs de tabac exclusifs.
Enfin, l’épidémie de Covid-19 ayant frappé en 2020, année de l’étude, les investigateurs ont pu constater qu’elle amplifiait fortement la mortalité chez les patients infectés et porteurs d’un cancer bronchopulmonaire. « Plus de 50 % des patients sont décédés à 5 mois, précise le Dr Debieuvre. Chez ces malades du cancer broncho-pulmonaire, le risque de décéder du fait de l’infection est triplé (HR = 3,24) ».
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