À Marseille, durant le congrès de l’Isheid (Symposium International VIH & Maladies Infectieuses Emergentes 21-23 mai), lors d’une session consacrée aux nouveaux traitements contre le Sida, « c’est l’anti-intégrase à demi-vie longue GSK 744 qui a le plus attiré l’attention », décrypte, pour Le Généraliste, le Pr Pierre Dellamonica (CHU de Nice).
Ce produit des laboratoires Glaxo Smith Kline est une révolution car il peut être administré trois ou quatre fois par an sous forme injectable ou une fois par mois sous forme orale et offrir une efficacité comparable à celle d’une trithérapie, sinon supérieure. Il s’agit d’un traitement qui, en terme d’efficacité, permet d’obtenir en association, des scores de négativation de la charge virale de plus de 90%. Autre avantage majeur de cette molécule en cours d’étude de phase III, « avec ce type de produits, le virus a beaucoup de mal à muter et, donc, à devenir résistant au traitement », ajoute le Pr Dellamonica.
Les chercheurs testent l’association de cette anti-intégrase à la rilpivirine pour constituer une bithérapie à but
curatif, mais aussi préventif. L’essai qui évalue cette combinaison devrait aboutir dans un an et demi. D’ores et dejà, on constate, grâce à une étude pilote sur un petit nombre de patients à risque ou des couples séro-discordants, que le risque de transmission du virus, diminue de 87% avec cette bithérapie utilisée à titre préventif. Il semble également que ce nouveau traitement génère très peu d’effets secondaires. « Mais il faut être prudent, car avec un produit à longue demi-vie, si effet secondaire il y a, il va durer tant que le produit sera présent, tempère le Pr Dellamonica. Il faut donc vraiment s’assurer d’une bonne tolérance de ce traitement à plus grande échelle. »
Le vaccin anti-VIH n’est pas pour demain
Le virologue est moins enthousiaste sur la mise au point d’un éventuel vaccin. « Quatre pistes sont actuellement explorées dans les essais mondiaux. » Soit un vaccin dirigé contre la boucle V2 du virus, des anticorps neutralisants se fixant sur la boucle V3 virale, une vaccination passant par la stimulation de l’immunité muqueuse et, enfin, un vaccin stimulant l’immunité cellulaire par activation des lymphocytes CD8.
« L’étude RV 144 effectuée en Thaïlande, exploitant la première piste, est la seule à avoir obtenu un résultat, mais l’effet constaté était juste en dessous du niveau d’efficacité significatif.» Le vaccin anti-Sida n’est donc pas pour demain.
Traitements actuels : des effets secondaires limités
« Les thérapies anti-VIH modernes constituent une avancée considérable en terme de tolérance, de réduction
de nombre de prises avec des effets secondaires très limités », souligne le Pr Dellamonica. En effet, on dispose actuellement de nouvelles antiprotéases beaucoup moins pourvoyeuses d’effets indésirables que les anciennes. On utilise aussi des stratégies thérapeutiques sans anti-protéases. De plus, l’éfavirenz, l’inhibiteur non nucléosidique de référence, qui occasionnait d’importants troubles du sommeil a vu son usage réduit au profit de produits de la même famille, beaucoup mieux tolérés. « La tolérance du traitement anti-VIH n’est donc plus une limite », confirme le spécialiste.
Sur le plan des comorbidités, le Pr Dellamonica note toutefois un vieillissement plus rapide et une survenue des cancers avec une fréquence supérieure chez les sujets VIH traités que dans la population générale. D’ou la nécessité d’une surveillance attentive des patients. Il ne s’agit plus de cancers « historiques » comme les sarcomes de Kaposi ou les lymphomes, mais plutôt de « cancers de la population générale » ou en relation avec une co-infection virale, notamment le virus HPV.
En conclusion, Pierre Dellamonica relève que « le VIH étant devenu une maladie chronique, l’enjeu du traitement est vraiment aujourd’hui la qualité de l’observance par le patient ».
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