Le dernier rapport Onusida a apporté des données très encourageantes aussi bien sur l’accès au traitement que sur la baisse de la mortalité et des nouveaux cas dans le monde. Ainsi le nombre de nouvelles infections a diminué de 30 % depuis 2010 en Afrique de l’Est et Afrique Australe, et même de 40 % au Malawi, au Mozambique, en Ouganda et au Zimbabwe. Au niveau mondial, 70 % des personnes infectées connaissent leur statut sérologique, 77 % ont accès au traitement antirétroviral et, parmi eux, 82 % ont une charge virale indétectable. On s’approche donc des objectifs 90-90-90 de l’OMS, c’est-à-dire, à l’horizon 2020, 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut, 90 % de ces dernières ayant accès au traitement et 90 % des personnes traitées ayant une charge virale indétectable, soit, au total, 73 % des patients infectés par le VIH ayant une charge virale indétectable. Sept pays, dont le Cambodge et le Botswana, ont atteint ce dernier objectif.
Une progression inquiétante de l’épidémie en Europe de l’Est et en Asie Centrale
Deux régions échappent à ce bilan optimiste : le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, d’une part, et l’Asie centrale et l’Europe de l’Est d’autre part. Lors d’une communication au congrès de l’IAS (Conference on HIV Science) qui se déroule en ce moment à Paris, l’envoyé spécial des Nations unies pour la lutte contre le sida en Europe de l’Est et en Asie Centrale, le Pr Michel Kazatchkine affirme : « C’est en Europe de l’Est et en Asie centrale que la situation est la pire. Le nombre de nouveaux cas a augmenté de 10 % par an entre 2010 et 2016, soit 60 %. La mortalité liée au VIH y a augmenté de plus de 30 %, alors qu’elle a chuté de 48 % dans le monde. Donc non seulement l’épidémie progresse, mais les personnes infectées sont mal prises en charge ».
La progression du nombre de cas s’explique notamment par le fait que l’épidémie a été plus tardive ici qu’ailleurs, commençant dans les années 1995-2005 et prenant son ampleur alors que les structures sociales s’écroulaient dans les pays de l’ex-espace soviétique qui ont été traversés par une immense vague d’usage de drogues injectables. En 2017, la moitié des nouveaux cas sont encore diagnostiqués chez des usagers de drogues injectables, bien que l’épidémie progresse chez les hétérosexuels et chez les hommes ayant des rapports avec des hommes, et que les migrants apparaissent particulièrement vulnérables.
Trop d’usagers de drogue non diagnostiqués en France
Dans les pays occidentaux aussi l’insuffisance des politiques de prévention peut être manifeste dans certaines populations à risque. En France, les données de Santé Publique France montrent que la situation reste très critique pour les usagers de drogues par voie intraveineuse, avec une incidence de 86 nouveaux cas pour 100 000 en 2012 (contre 5 nouveaux cas pour 100 000 chez les hétérosexuels). La fréquence des nouveaux cas diagnostiqués n’a pas baissé depuis 2004, malgré la politique de réduction des risques, et la séropositivité est souvent découverte à un stade avancé de la maladie (38 % des cas en 2015).
L’étude ANRS Coquelicot 2011-2013, présentée en poster, a inclus 1 718 usagers de drogues par injection dans plusieurs villes. Elle indique une prévalence de la séropositivité de 13 % dans l’ensemble de cette population, mais qui culmine à 20 % à Marseille et 21 % en Seine-Saint-Denis, notamment en raison de la présence de toxicomanes plus âgés. Point inquiétant, plus d’un quart (26 %) des usagers déclarait avoir partagé leur seringue au moins une fois, alors que seuls 13 % de ceux interrogés lors de l’étude Coquelicot 2004 étaient dans ce cas.
« L’île de France fait partie des régions où les usagers sont particulièrement précaires et rencontrent le plus de difficultés pour se procurer des seringues », a observé Marie Jauffret-Roustide (Cermes 3 de l’Inserm U988, Santé Publique France). Il est donc urgent de renforcer la politique de réduction des risques, en tenant mieux compte des caractéristiques sociales de ces personnes. Cela implique de faciliter l’échange de seringues, mais aussi d’améliorer la situation sociale et l’accès aux soins des plus précaires.
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