Prévention et information des patients, gestion de crises sanitaires aiguës, reconnaissance et prise en charge des cancers ou d’autres pathologies liés à des facteurs environnementaux, etc. : la médecine générale est concernée au premier chef par les risques environnementaux. D’autant que le risque environnemental arrive désormais en tête des préoccupations des Français. Pour la pollution atmosphérique, près de 70 % considèrent le risque élevé ou très élevé tandis que « Respirer un air pollué » occupe la première place des facteurs de risque de cancer perçus (Baromètre cancer 2 015).
C’est dans ce contexte qu’une réflexion est en cours au Collège de la médecine générale sur la manière dont les généralistes pourraient être mieux accompagnés face à ces problématiques émergentes mais aussi être forces de signalement et de proposition vis-à-vis du risque environnemental aigu ou chronique.
Des risques spécifiques
L’expérience récente de Rouen, suite à l’incendie de l’usine Lubrizol, donne une première idée de ce qui doit être amélioré notamment au travers des enquêtes faites auprès des généralistes sur leur vécu, leurs difficultés et leurs besoins face à un accident de cette ampleur.
Outre les produits irritants habituels retrouvés dans les incendies (dioxyde de soufre et dioxyde d’azote), il y a eu des risques plus spécifiques aux produits contenus dans ces usines comme les composés soufrés (mercaptans), les aldéhydes, la phosphine, le plomb et l’amiante. Au-delà des effets aigus (irritations ORL et céphalées), ainsi que des décompensations respiratoires, peu nombreuses (250 consultations aux urgences en 48 heures), des questions restent en suspens suite à l’émission de dioxine (chloracné), et plus généralement sur les effets cancérigènes et endocriniens à long terme de l'ensemble des substances libérées dans l'air.
Défiance
Afin de documenter le vécu des généralistes, un questionnaire a été envoyé par mail 5 jours après l’accident à 1 099 généralistes du territoire, à l’initiative de l'Union Régionale des Médecins Libéraux de Normandie. Selon les premiers résultats, 74 % des médecins ont observé des signes cliniques chez leurs patients (irritation, céphalées, anxiété), plus de 80 % n’ont reçu aucune information ni communication de la part des autorités sanitaires, se retrouvant démunis face à leurs patients.
Pour poursuivre l’analyse, l’enquête LUCID-MG a été lancée, cordonnée par le Dr Benjamin Soudais, généraliste à Elbeuf. Toujours en cours, elle consiste en des entretiens semi-dirigés auprès de 40 généralistes situés dans la zone proche de l’accident. Selon les premiers résultats, « cette crise a été un catalyseur, résume le Dr Soudais. Tensions comme entraide, elle a exacerbé les relations entre confrères au sein des cabinets. L’hospitalocentrime, légitime avec le plan blanc lancé aux premières heures de l’incendie, a mis en évidence un oubli des soins primaires. Il faudrait un plan blanc ambulatoire. Pour beaucoup, la crise Lubrizol a été le premier pas vers une défiance des généralistes envers les institutions locales (préfecture, ARS, CDOM). »
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