« Les études épidémiologiques montrent un lien clair entre tabagisme (actif ou passif) et le risque de développer un diabète de type 2 (DT2) », indique un article publié dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France. Il précise que le tabagisme favorise le diabète gestationnel, et qu'il majore le risque de complications macro- et micro-angiopathiques (néphropathie dans le diabète de type 2 (DT2), rétinopathie et neuropathie dans le DT1).
Conséquences physiopathologiques et moléculaires
Cet article commence en détaillant certaines conséquences physiopathologiques du tabagisme précisant, par exemple, un lien très probable entre la cigarette et l’accumulation de graisse viscérale qui contribue au syndrome métabolique. L'insulinorésistance est favorisée par le tabagisme actif mais aussi passif (respectivement + 40 % et + 28 %). Elle est réversible à l’arrêt du tabac. L'article aborde même des mécanismes moléculaires soulignant que le tabagisme contribue à l'apparition « d'anomalies épigénétiques par méthylation aberrante du DNA de gènes impliqués dans le risque de DT2. »
Un risque dose-dépendant
Les données épidémiologiques, quant à elles, montrent clairement l'implication de la cigarette dans le risque de survenue de la maladie. Ainsi, le risque relatif de prédiabète et de DT2 est « augmenté de 37 à 44% chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs dans différentes populations (caucasiennes, asiatiques...). Ce risque qui augmente de manière dose-dépendante, a été confirmé par plusieurs méta-analyses récentes sur des données prospectives ; à l’opposé ce risque diminue avec l’arrêt de consommation de tabac, notamment après 10 ans de sevrage », écrivent les auteurs de cette publication. Le risque de DT2 semble plus important chez les hommes que chez les femmes fumeuses, sans que l'on ait pu identifier de causes réelles. Le tabac apparaît comme un facteur de risque indépendant et modifiable de DT2 dans la population générale, indique le BEH.
Les complications sur le DT2 et DT1
Chez les patients diabétiques de type 1 et 2, le tabagisme actif est un facteur de risque des complications macro-angiopathiques (c'est-à-dire à risque d'infarctus du myocarde, d'AVC, d'artériopathie des membres inférieurs). Ce risque est dose-dépendant. Concernant la micro-angiopathie, le tabagisme est considéré comme un facteur de risque potentiel pour les rétinopathie et neuropathie diabétiques chez les patients atteints de DT1. Chez les diabétiques de type 2, fumer est considéré comme un facteur de risque de néphropathie.
La consommation tabagique est aussi impliquée dans d'autres complications. Elle est associée à un surrisque de survenue de cancer avec un risque relatif fumeur/non-fumeur d'environ 1,6 (données surtout établies chez les DT2). Le syndrome dépressif, plus fréquent chez les patients diabétiques que les non-diabétiques, est d'autant plus sévère que le nombre de cigarettes fumées est élevé.
Consensus de la SFD et la SFT
Concernant la prise en charge des patients diabétiques, son résultat est moins bon chez les patients fumeurs, constatent les auteurs de l'article : « lorsque le diabétique est traité et qu’il est fumeur son équilibre glycémique est de moins bonne qualité ; s’il est traité par l’insuline, une résorption retardée de l’insuline pourrait participer à un équilibre glycémique plus instable ».
En conclusion, la BEH alerte sur l'importance de lutter contre le tabagisme : « Prévenir le tabagisme chez le sujet à risque de DT2 et promouvoir le sevrage tabagique chez le patient DT2 constituent donc une priorité de santé publique selon un récent consensus d’experts publié par la Société francophone de tabacologie (SFT) et la Société francophone du diabète (SFD) ».
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