A Durban, la conférence internationale sur le sida veut relancer la bataille contre l'épidémie

Publié le 17/07/2016
Virus du sida

Virus du sida
Crédit photo : RUSSELL KIGHTLEY/SPL/PHANIE

Quelque 18 000 scientifiques, praticiens, militants, juristes et bailleurs de fonds sont attendus ce lundi 18 juillet à Durban, en Afrique du Sud, pour la 21e Conférence internationale sur le sida. Objectif : impulser un nouvel élan à la bataille contre le virus, un certain relâchement ayant été observé ces dernières années. "Le message adressé au monde entier cette année depuis Durban va être qu'il est trop tôt pour crier victoire. Le chemin est encore long", a expliqué à l'AFP le président de la Société internationale sur le sida, Chris Beyrer.

En 2000, l'Afrique du Sud, où le taux d'infection est un des plus élevés au monde, avait déjà accueilli la conférence bisannuelle alors que le président sud-africain de l'époque, Thabo Mbeki, avait suscité, quelques mois plus tôt, un tollé en niant le lien entre le VIH et le développement du sida. Il défendait une thèse selon laquelle la maladie n'était pas provoquée, dans les pays en développement par ce virus mais par la malnutrition et le manque d'hygiène. "Ce fut un moment très pénible", se souvient Chris Beyrer.

Finalement sous l'impulsion de Nelson Mandela, qui avait décrit l'épidémie comme "une des plus grandes menaces pesant sur l'humanité" et appelé à une action urgente, la conférence avait marqué une étape clé contre le déni affiché par Pretoria. Pourtant, seize ans plus tard, il n'y a toujours pas de vaccins contre le sida et les patients dépendent à vie des traitements antirétroviraux, aux effets secondaires importants et aux prix encore élevés.

36, 7 millions de personnes vivent avec le sida dans le monde

L'ONU s'est fixé pour objectif de mettre fin à l'épidémie en 2030. Mais depuis 2010, le mouvement de baisse a atteint un palier et s'est même nettement inversé dans certains pays, notamment en Russie. Actuellement, 36,7 millions de personnes vivent avec le sida dans le monde, principalement en Afrique sub-saharienne. Et seulement 17 millions d'entre elles reçoivent un traitement. "Nous devons atteindre les 20 millions restants, et cela nécessite des moyens", martèle Chris Beyrer.

Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine pour la co-découverte du virus du sida, se montre tout aussi alarmiste. "Cette année est cruciale. Nous avons besoin de procéder à tous les changements nécessaires pour évoluer vers une génération sans sida. Mais nous ne sommes pas prêts. L'incidence de l'infection dans de nombreux pays ne diminue pas. Nous devons aussi de nouveau investir dans la recherche parce que nous avons besoin d'outils supplémentaires de prévention et de traitement", a-t-elle déclaré à l'AFP. 

D'un continent à l'autre, les progrès sont inégaux. Les nouvelles infections ont chuté de 6 % depuis 2010, de 2,2 millions à 2,1 millions, et les décès liés au sida ont baissé de près de moitié depuis le pic de 2 millions atteint en 2005. Mais la bataille est loin d'être gagnée en Afrique du Sud avec 300 000 nouvelles infections en 2014-2015, et 2 000 jeunes femmes contaminées chaque semaine. L'Afrique du Sud gère pourtant désormais le plus important programme de traitement au monde.

La situation est encore plus inquiétante en Afrique du Nord ou le nombre d'infections s'envole et au Moyen-Orient, région qui détient le triste record de progression de l'épidémie. En Russie, ce n'est guère mieux, le nombre d'infections ayant atteint un million l'an dernier, en raison de la résistance du gouvernement à organiser des programmes pour les homosexuels et les toxicomanes.

Le souhait de Chris Beyrer est donc que " les gens repartent de Durban en s'engageant à modifier dans leur pays les lois, politiques et pratiques qui ne permettent pas d'accéder à ces personnes qui en ont le plus besoin."

 


Source : lequotidiendumedecin.fr