À quelle distance des habitations doit-on interdire l'épandage de pesticides ? Le gouvernement a lancé cette semaine une consultation publique en ligne de trois semaines sur le sujet.
Un projet de décret du gouvernement propose de fixer entre 5 mètres (cultures basses et viticulture) et 10 mètres (autres cultures) la distance minimale entre les habitations et les zones d'épandage de produits phytosanitaires, selon les recommandations scientifiques de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Les distances minimales pourraient même être ramenées à 3 et 5 mètres dans le cadre de chartes départementales « à condition d’avoir recours à des matériels de pulvérisation les plus performants sur le plan environnemental ».
Un projet de décret « ridicule »
Les distances proposées sont loin des attentes des associations de défense de l'environnement qui invitent les Français, à l'instar de l'ONG Générations futures, à participer massivement à la consultation nationale pour demander un durcissement de la réglementation.
Parmi les opposants au projet figurent aussi des médecins. Parmi eux, le Dr Pierre-Michel Périnaud, généraliste à Limoges et membre du collectif "Alerte des médecins sur les pesticides", remonté contre le projet de décret. « Cette proposition est ridicule car la distance de 5 à 10 mètres est déjà mentionnée sur les bidons de produits, assure le praticien. Pour une réelle protection des habitants, il faudrait des zones tampons de 150 mètres », demande le collectif.
Des "zones tampon" pour développer d'agriculture Bio
150 mètres, c'est justement la distance choisie par le maire de la commune de Langouët (Île-et-Vilaine) Daniel Cueff, dont l'arrêté municipal très médiatisé a finalement été suspendu par la justice administrative. Selon le Dr Périnaud, la définition de « zones tampons » sans CMR (cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction) ou perturbateurs endocriniens, « serait l'occasion de développer une autre agriculture, Bio et sans pesticides ». Cela constituerait d'après le généraliste une première étape vers une agriculture plus saine. « Cependant, aucune mesure ne garantit à elle seule une franche diminution des effets sanitaires, précise le Dr Périnaud. Seule l'évolution vers une moindre utilisation des substances les plus toxiques, et donc vers une agriculture plus respectueuse des hommes est une garantie pour tous », ajoute-t-il.
Un décret pas assez ambitieux
Le médecin ne se fait pas d'illusion sur l'efficacité du futur décret qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2020 dans les zones où aucune charte départementale n'aura été élaborée. Le local prévaudra donc sur le décret, ce que déplore le généraliste : « Il aurait fallu que seule la loi définisse ces zones tampons et accorde une vraie représentativité aux associations », déplore-t-il. Le Dr Périnaud va plus loin et dénonce une « consultation publique menée "à la hussarde" pour des raisons de calendrier ». Et d'ajouter : « Cela montre bien le peu de valeur qu'attribue Monsieur Guillaume (ministre de l'Agriculture ndlr) à tous les travaux préparatoires effectués à ce sujet depuis 2 ans entre les associations et les différents ministères. »
L'association Alerte des médecins sur les pesticides, créée en 2013, et revendique avoir réuni 1 600 médecins lors d'un appel lancé en 2014 sur les produits phytosanitaires, a pour but de sensibiliser et d'informer la population et les professionnels de santé aux risques sanitaires et environnementaux de ces substances. Le Dr Périnaud et son équipe ont également élaboré une bibliographie succincte regroupant différentes études scientifiques démontrant les effets de l'utilisation des produits phytosanitaires et des perturbateurs endocriniens sur la santé (à consulter ci-dessous) :
[[asset:document:12964 {"mode":"full","align":"","field_asset_document_desc":[]}]]
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation