La mise au monde par voie basse réduirait les taux de mortalité et de morbidité néonatale des jumeaux, selon une étude prospective menée par des équipes de chercheurs et cliniciens de l’Inserm, de l’AP-HP, et de l’université Paris Descartes. Les résultats de ces travaux ont été publiés dans Obstetrics et Gynecology.
En effet, si de grands progrès ont eu lieu dans le domaine de la santé périnatale, de graves complications peuvent toujours survenir en cas de grossesses gémellaires. Par exemple, en France, de manière générale, le taux de mortalité néonatale est de 2,3 pour 1000 naissances mais cette proportion reste 5 à 10 fois plus élevé en ce qui concerne les naissances de jumeaux.
Ainsi, encore récemment, les pratiques de la plupart des obstétriciens français étaient guidées par les résultats d’études anglo-saxonnes dont les conclusions allaient à l’encontre d’un accouchement par voie vaginale lors de grossesse gémellaire, notamment pour le deuxième enfant dont l’état de santé néonatal était meilleur suite à une césarienne. Ces résultats ont participé à l’augmentation du nombre de césariennes pour cette population observée en France depuis 20 ans, celle-ci s’élevant à 45 % en 2010.
La césarienne, c’est pas automatique
Cependant, étant donné que les méthodes d’accouchement s’avèrent très différentes en France et dans les pays anglo-saxons, il était nécessaire de réaliser une évaluation des pratiques obstétricales à l’accouchement pour ce type de grossesse dans notre pays. C’est pourquoi les Pr Thomas Schmitz et François Goffinet ont lancé des recherches ayant pour but de mesurer la mortalité et la morbidité néonatale des jumeaux selon la voie programmée d’accouchement. L’étude, baptisé JUMODA, recense les naissances gémellaires qui se sont déroulées dans 175 maternités entre février 2014 et mars 2015. En tout, 8 800 femmes ont été recrutées ne représentant pas moins de 75 % du nombre total d’accouchement de jumeaux en France sur la durée des travaux.
Les résultats mettent en avant que, parmi les femmes incluses dans l’analyse, 75 % avaient eu une tentative d’accouchement par les voies naturelles contre 25 % dont la césarienne était déjà programmée. En outre, les tentatives de mises au monde par voie basse étaient associées à des taux faibles de mortalité et de morbidité néonatale lorsque le premier bébé était en position tête en bas. Ces taux de complications étaient même plus importants après une césarienne qu’après une tentative par voie vaginale pour les enfants nés entre la 32e et la 37e semaine d’aménorrhée.
Par conséquent, si la césarienne reste une solution incontournable lorsque certaines complications surviennent lors de naissances gémellaires, ces données montent que l’accouchement par voie basse est à privilégier dans la majorité des cas. La mise au monde par les voies naturelles pourrait ainsi être le déclencheur de nombreux mécanismes immunitaires protecteurs grâce au contact qui s’établit à ce moment précis entre le bébé et la flore vaginale.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation