Hépatite C : le dépistage systématique ne s'impose pas, selon la HAS

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Publié le 29/11/2019
VHC

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Crédit photo : SPL/PHANIE

« L’élargissement du dépistage du VHC à la population générale n’est pas la solution appropriée pour éliminer le virus en France. » Alors que depuis plusieurs années, l’Association Française pour l’Étude du Foie (Afef) prône un dépistage « universel » de l’hépatite C, la HAS vient de se prononcer contre cette stratégie. Plaidant au contraire pour le renforcement du dépistage ciblé dans les populations les plus à risque.

L’argument est avant tout économique : « le dépistage de l’ensemble de la population est peu coût efficace au regard d’une prévalence faible de l’hépatite chronique C dans le pays et d’un faible niveau de preuve ne permettant pas de conclure », justifie la Haute Autorité de Santé, à l’issue d’une réévaluation médicoéconomique.

Pas d'« efficience d'une stratégie de dépistage étendue »

D'après les données épidémiologiques récentes, la prévalence de l'hépatite C chronique serait en effet plutôt faible en France avec une tendance à la baisse (0,42 % en 2011 à 0,30 % en 2016, contre 1% en moyenne à l'international en 2014). De plus, « aucune étude internationale ne démontre l'efficience d'une stratégie de dépistage étendue à la population générale et  aucune recommandation étrangère ne promeut le dépistage universel », avance la HAS. Par ailleurs, « l'expérience passée de la lutte contre le VIH montre les limites du dépistage en population générale. Un temps recommandé en France, le dépistage universel n'a pas eu les effets escomptés en raison des difficultés importantes de mise en œuvre ».

Autant d’éléments qui ont conduit l’institution à écarter la généralisation du dépistage.

Un choix qui risque de ne pas faire l’unanimité. Avec le dépistage sur facteurs de risque « on entretient une épidémie cachée », estime le Pr Christophe Bureau. Selon le secrétaire général sortant de l’Afef, 30 à 40 % des sujets inrfectés par le VHC ne présenteraient pas de facteurs de risque évidents.

Forte de ce constat, la société savante s’était prononcée dès 2017 en faveur d’un dépistage plus large du VHC, dans une optique d’élimination de la maladie à l’horizon 2025. Alors que les anti-viraux d’action directe permettent désormais de guérir facilement la très grande majorité des patients, l’enjeu actuel est de reconnaître et traiter tous les patients infectés.

Plusieurs pas avaient déjà été faits dans ce sens comme la dispensation des antiviraux en ville et l’élargissement des prescriptions aux généralistes. « La généralisation du dépistage restait la dernière action », estime le Pr Bureau. Mais la HAS n’a pas suivi. 

« On en prend acte et on évaluera dans un an ce qu’il en est », conclut le Pr Bureau. 

De son côté, la HAS promet un second volet de recommandation « afin d'identifier les facteurs de risque de contamination, de re-contamination et de transmission – pour si besoin élargir la population ciblée par le dépistage – et détailler les points à améliorer pour mieux atteindre ces populations, parfois éloignées du système de soin ».


Source : lequotidiendumedecin.fr