Né à Capodistria (Koper en Slovène) en 1561, Santorio Santorio obtint en 1582 son bonnet de médecin à l’université de Padoue. Jouissant très vite d’une grande réputation, il fut appelé en Pologne en 1587, puis en Hongrie et en Croatie alors frappées de nombreuses épidémies. Santorio va d’ailleurs passer le plus clair de son temps entre 1587 et 1599 dans les pays balkaniques, entretenant parallèlement une correspondance assidue avec l’anatomiste Girolamo Fabrici d’Acquapendente et, surtout, Galilée qui lui donna peut-être le goût des inventions.
Ami de Galilée
Rentré à Venise, il rencontra l’astronome en 1601 et, dès lors, va devenir un pionnier de la médecine iatrophysique qui tente d’expliquer les mécanismes du corps en se fondant sur des bases purement mécaniques. En 1602, il adapte le pendule à l’usage médical. En 1612, après avoir succédé l’année précédente à Orazio Augenio à la chaire de médecine de l’université de Padoue, Santorio va multiplier les expériences et les inventions sur la température, la respiration et le poids. Il concevra ainsi un thermomètre clinique, le « thermoscope » et une machine destinée à mesurer le pouls, le « pulsiloge ». Son imagination débordante lui donna aussi l’idée du premier lit à eau.
Mais c’est principalement sa célèbre balance qui allait faire passer Santorio à la postérité. En 1614, poursuivant l’assertion de Galien selon laquelle une partie de la respiration s’effectue à travers la peau sous forme de perspiration insensible, le médecin italien publia un ouvrage « De Statica Medicina » (« La Médecine Statique »). Dans celui-ci, il expliquait cette transpiration insensible, perte d’eau qu’on ne pouvait déceler qu’indirectement en la mesurant. Il inventa ainsi une balance où il était lui-même le sujet de l’expérience, pesant préalablement sa nourriture et sa boisson. Il explique ainsi : « La balance est suspendue au plafond de la chambre à manger dans un endroit caché. Ainsi elle n'est aperçue ni des personnes de distinction que choquerait l'irrégularité de la salle, ni des ignorants qui trouvent ridicules toutes les choses insolites. Le siège éloigné du parquet de la largeur d'un doigt, demeure fixe pour résister aux secousses. Nous tirons de l'emploi du siège deux avantages : le premier c'est de calculer la transpiration insensible du corps. Ne pas tenir compte exactement de cette transpiration, c'est rendre le médecin inutile, car c'est d'un excès ou d'un défaut de transpiration que dérivent presque toutes les maladies. Le second avantage, c'est, qu'assis sur ce siège, nous remarquons sans peine, en mangeant, l'instant précis où nous avons pris la juste quantité d'aliments et de boisson au-delà ou en deçà de laquelle nous sommes incommodés. Lors donc qu'en ingérant des aliments, nous avons atteint le poids voulu et la mesure préalablement prescrite, l'extrémité de la balance s'élève un peu, tandis qu'au même instant le siège s'abaisse légèrement. C'est cet abaissement qui indique immédiatement à la personne assise qu'elle a absorbé la quantité convenable d'aliments. »
Une expérience poursuivie pendant trente ans
Santorio va ainsi pendant près de trente ans, manger sur sa balance mais aussi parfois y travailler et y dormir, pouvant ainsi mesurer les fluctuations de son poids en fonction de ses excrétions. Il put ainsi en inférer que la somme totale des excreta produits était inférieure à la somme des aliments et boissons ingérés…
En 1624, Santorio renonça à sa chaire de médecine en 1624 et se retira à Venise où il sortit de sa retraite en 1630 pour combattre une épidémie de peste. Ayant échappé à l’opprobre qui s’abattit alors sur Galilée, Santorio consacra les dernières années de sa vie à rédiger des commentaires sur ses glorieux devanciers, Hippocrate, Galien et Avicenne. Santorio mourut en 1636, après avoir fait par testament un don annuel de cinquante ducats au Collège médical.
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