Influence de l’entourage, exceptions au secret professionnel, approches psychothérapeutiques, réduction des risques, tels sont les thèmes déclinés par la Haute Autorité de santé (HAS) dans de nouveaux documents sur les femmes et l’alcool destinés aux professionnels de santé de premier recours.
Un guide points clés, une synthèse et sept fiches outils thématiques viennent compléter un premier volet publié en 2023 ciblant la population générale. Les nouveaux documents abordent les problématiques rencontrées par les femmes face à l’alcool (morbimortalité plus élevée que chez les hommes, toxicité plus forte et plus précoce) dans un contexte d’usage croissant chez cette population.
De l’importance de l’entourage des femmes
À diverses échelles, l’entourage des femmes peut avoir une forte influence sur leur risque alcool. « Le manque de connaissance et de reconnaissance du sujet alcool dans sa dimension systémique et collective conduit à ignorer la place des hommes dans les usages féminins d’alcool et les dommages qui y sont associés, y compris ceux affectant la santé infantile », lit-on dans la fiche outil 11. Pour informer et repérer, la fiche cite des moments opportuns pour aborder le sujet de l’exposition à l’alcool, tant auprès des femmes que des compagnons : dès l’adolescence, lors des consultations pour contraception, des changements de vie de couple, tout au long d’un projet de grossesse, etc.
L’entourage peut être une force positive dans l’accompagnement grâce à la pair-aidance et au soutien associatif. La HAS décrit comment les acteurs de premiers recours peuvent orienter vers ces systèmes de soutien en fonction de préférences de la patiente, notamment en cas de réticence ou de refus de médicalisation. Les annuaires et les connexions au sein du réseau de santé, accessibles via la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) ou l’agence régionale de santé (ARS), permettent de guider les patientes vers des acteurs dédiés, des structures spécialisées ou encore vers des outils numériques d’information et d’autosupport.
Pour libérer la parole, ne pas stigmatiser
Les fiches 16 et 17 se concentrent sur la réduction des risques et des dommages spécifique aux femmes : déconstruire les stéréotypes de genre, soutenir pour alléger la charge mentale, informer sur l’interaction amplificatrice des violences et de l’usage d’alcool, alléger toute cause de souffrance. En période périnatale, la HAS recommande d’adopter un discours déculpabilisant, de prioriser le dialogue, agir sur l’environnement des personnes exposées à l’alcool et de mesurer l’importance des changements provoqués par le contexte périnatal « nouveau et déstabilisant ».
La garantie du secret professionnel est mise en exergue dans La fiche 12 : « la parole des femmes en matière d’alcool est entravée par le jugement et la stigmatisation ». Certaines craintes (discriminations, conséquences judiciaires) peuvent rendre difficile la révélation de difficultés avec l’alcool. « L’exception de levée du secret est encadrée par la loi et concerne des situations très précises et exceptionnelles par leur gravité et leur rareté », insiste la HAS. Les seuls cas susceptibles de conduire à une mesure de protection judiciaire avec levée du secret professionnel sont : personne mineure en situation de danger grave et immédiat, violences conjugales en cas de mise en danger vital immédiat et d’impossibilité de se protéger, personne relevant de soins psychiatriques sans consentement (état mental imposant des soins immédiats), personne majeure nécessitant une mesure de protection juridique.
Pour la suite, la HAS doit publier en 2026 un troisième volet sur l’accompagnement du risque alcool chez les jeunes.
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