La perturbation stromale, nouveau biomarqueur des cancers du sein agressifs

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Publié le 06/06/2025
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Des chercheurs des Instituts nationaux de la santé américains ont identifié dans le sein des changements dans les tissus conjonctifs, qui sont associés à un risque accru de cancer agressif en cas de tumeur bénigne mais aussi à des taux de survie plus bas en cas de cancer invasif.

Lames pathologiques de tissu cancéreux montrant une perturbation stromale minimale (à gauche) et importante (à droite)

Lames pathologiques de tissu cancéreux montrant une perturbation stromale minimale (à gauche) et importante (à droite)
Crédit photo : NIH/NCI

La perturbation du stroma dans les tumeurs bénignes du sein est associée à une augmentation du risque de cancer agressif et à un moins bon pronostic, d’après une étude américaine. Ce phénomène biologique, marqué par des changements dans l’architecture et la composition cellulaire du tissu conjonctif du sein, pourrait donc être un biomarqueur intéressant.

Les chercheurs ont analysé 4 023 échantillons de tissus sains, 974 biopsies de tumeurs bénignes et 4 223 biopsies de cancer du sein invasif. Ils ont utilisé un algorithme de machine learning pour identifier des modifications subtiles du tissu et ainsi caractériser la perturbation stromale. En la couplant au suivi clinique des donneuses, l’équipe a pu déterminer une association avec le développement de cancer du sein.

Selon leurs résultats, publiés dans le Journal of the National Cancer Institute, une perturbation stromale substantielle en cas de tumeur bénigne est associée à un risque quatre fois plus élevé de développer un cancer du sein agressif et à un délai trois ans plus court avec le développement d’un cancer, par rapport à une perturbation minime ou absente.

La perturbation stromale retrouvée chez les femmes à risque

En cas de forte perturbation stromale, les femmes ayant déjà un cancer du sein invasif avaient un phénotype plus agressif et un pronostic de survie dégradé, surtout en cas de positivité aux récepteurs des œstrogènes (ER+).

L’analyse des tissus sains a révélé que les catégories de femmes avec une perturbation stromale importante étaient les mêmes que celles confrontées à un surrisque de cancer agressif, à savoir les femmes jeunes, multipares, noires, obèses ou avec des antécédents familiaux de cancer. Les chercheurs supposent qu’il pourrait y avoir des voies biologiques communes entre perturbation stromale et facteurs de risque de cancer.

L’étude a aussi mis en lumière l’implication de mécanismes d’inflammation chronique et de cicatrisation dans la perturbation stromale. Les chercheurs invitent à mener des études supplémentaires pour déterminer si des modifications du mode de vie ou des traitements anti-inflammatoires pourraient être utiles en prévention du risque de cancer du sein agressif.

Leurs résultats ouvrent des perspectives de traitements ciblant spécifiquement le micro-environnement tumoral. Des recherches explorent cette voie depuis plusieurs années. Le niveau de perturbation stromale permettrait d’identifier aisément les femmes qui en bénéficieraient le plus.


Source : lequotidiendumedecin.fr