« La maladie des rats » sort des profondeurs, grâce au BEH de cette semaine qui y est consacré. Et pour cause, la leptospirose ne se limite pas aux rongeurs, elle atteint aussi les humains. Si cette pathologie a tendance à demeurer dans l’anonymat, elle reste un problème de santé publique car elle est la maladie zoonotique la plus répandue dans le monde en raison du nombre important de mammifères réservoirs, qui en sont porteurs. Selon les dernières estimations, elle serait responsable de plus d’un million de cas par an et provoquerait près de 60 000 décès dans le monde. Cette pathologie représenterait un fardeau comparable voire supérieur à celui d’autres maladies tropicales négligées comme la dengue ou la leishmaniose.
La France : un des pays industrialisés où l’incidence est la plus élevée
Plus précisément, en France métropolitaine, le nombre de cas a doublé en 2014-2015 par rapport aux années précédentes atteignant plus de 600 cas. L’incidence s’élève à 1 cas pour 100 000 habitants sur cette même période, la plus élevée constatée depuis 1920. En parallèle, une moyenne de 700 cas a été constatée dans les territoires d’outre-mer où les conditions climatiques sont propices au maintien de la bactérie dans l’environnement. De manière générale, dans ces départements, l’incidence s’avère 10 à 50 fois plus importante qu’en métropole avec une recrudescence pendant la saison des pluies. Pourtant, un vaccin est disponible en France. Certes, il ne protège pas contre la totalité des souches existantes, mais il demeure recommandé chez les populations à risques, en particulier chez certaines catégories professionnelles qui sont plus exposées comme les agriculteurs ou les égoutiers.
Parmi les cas documentés en France métropolitaine, plus de 85 % n’avaient pas voyagé le mois précédent l’apparition des symptômes. Étrangement, les régions les plus touchées étaient l’Aquitaine, la Franche-Comté et la Basse-Normandie dans la période entre 2011 et 2015. Les facteurs de risques notables restaient la fréquentation d’un environnement rural et la pratique de loisirs en plein air. En effet, les activités en milieu aquatique comme le rafting ou même la baignade présente aussi un risque accru d’infection via le contact avec les eaux douces souillées par les urines d’animaux infectés. Phénomène de mode, depuis quelques années, plusieurs cas ont été repérés chez des personnes qui possédaient un rat de compagnie. Pour les cas restant, un voyage en région endémique (Antilles, Asie du Sud-Est) était bel et bien rapporté. En outre, le nombre maximum de cas est en général retrouvé entre les mois d’août et septembre.
L’importance de sensibiliser les professionnels de santé
Le diagnostic de la maladie se fait généralement via PCR ou par analyse sérologique pour rechercher des anticorps. Mais depuis 1986, la leptospirose n’est plus une maladie à déclaration obligatoire. D’autre part, il n’existe plus, dans les départements d’outre-mer des systèmes de surveillance spécifiques incluant le signalement de cas par les médecins.
La surveillance de cette pathologie dans le pays est donc passive et non-exhaustive. La sensibilisation des praticiens reste essentielle surtout que les signes cliniques initiaux sont peu spécifiques, ce qui peut engendrer un retard de diagnostic. De plus, si un nombre croissant d’études voit le jour sur la pathologie dans les DOM-TOM, les connaissances demeurent insuffisantes en métropole, notamment sur les modes de transmission et les facteurs de risques. Les recherches sont d’autant plus nécessaires au vu de la hausse d’incidence constatée. Le réchauffement climatique et l’urbanisation grandissante et mal contrôlée sont suspectés d’en être les causes sans que cela ne soit scientifiquement prouvé.
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