Une des principales priorités du nouveau Plan 2018-2022 de mobilisation contre les addictions est d'agir en prévention comme en prise en charge, aux âges les plus précoces de la vie. Ce Plan de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), cible particulièrement les enfants et les jeunes. « Quelle que soit la substance psychoactive absorbée, la consommation précoce provoque des dommages sur des cerveaux en maturation », explique Nicolas Prisse, président de la MILDECA contacté par Le Généraliste.
Le sujet commence même in utero, puisqu'en France, un syndrome d'alcoolisation fœtale concerne une naissance sur 1 000. Comme l'avait annoncé le Plan Prévention, le pictogramme « déconseillé aux femmes enceintes » pour les boissons alcooliques sera agrandi confirme le Plan de la MILDECA.
Un fait nouveau est que ce Plan s'intéresse particulièrement à l'usage des écrans. « Sans forcément parler d'addiction aux écrans, aujourd'hui beaucoup de jeunes en ont une utilisation exagérée passant à côté d'autres apprentissages nécessaires », constate Nicolas Prisse.
Contre les fake news
« Sur la prévention et l'information, le mot d'ordre important de ce Plan est d'éclairer pour responsabiliser », souligne Nicolas Prisse. Avec la volonté de s'attaquer aux « fake news » (c'est à la mode !) ou aux idées fausses qui sont fréquentes sur ce sujet : croire que les problèmes de drogue ne concernent que les banlieues, que la consommation de cannabis est peu problématique, que la bataille contre le tabac est gagnée, que boire un peu d'alcool est bénéfique pour le cœur, etc. Pour Nicolas Prisse : « ces idées fausses peuvent le fruit de convictions erronées ou liées à des intérêts idéologiques ou financiers. »
Ce Plan affiche également la volonté d'accentuer certaines dispositions déjà prises et qui sont actuellement mal ou non appliquées, comme l'interdiction de la vente d'alcool ou de tabac à de jeunes adolescents. L'objectif n'est pas d'être à tout prix coercitif, mais d'obtenir l'engagement des différents points de vente, et en particulier des grandes surfaces, avec des contrôles accentués de la part des préfectures.
Avec le Collège de médecine générale
« Ce Plan souhaite aussi aider les professionnels de santé de premier recours, et en particulier les médecins généralistes », complète Nicolas Sire. « Nous travaillons avec le Collège de médecine générale dans ce sens, l'objectif est de faciliter la porte d'entrée dans les parcours de santé en addictologie. » L'offfre de prise en charge doit en effet s'étendre au plus grand nombre, c'est-à-dire aux 13 millions de fumeurs, 5 millions de buveurs quotidiens, 700 000 consommateurs quotidiens de cannabis...
Un Plan de bonnes intentions
« Au total, ce nouveau Plan s'adresse à l'ensemble de la population, les niveaux de consommation de substances psycho-actives restant préoccupants dans notre pays, en particulier le tabac, l'alcool, le cannabis, mais aussi la cocaïne dont l'offre est aujourd'hui importante », explique Nicolas Prisse. Concernant le cannabis, ce Plan adopte la règle d'une amende forfaitaire pour usage de drogue.
Mais au total ce Plan 2018-2022 national de mobilisation contre les addictions risque de décevoir des addictologues. Ces 130 pages se déclinent trop souvent sous la forme d'un catalogue de bonnes intentions. Et les termes « soutenir », « renforcer », « améliorer », « mieux répondre »... auront sans doute du mal à enthousiasmer les acteurs de terrain. Peut-être que les auteurs de ce document en avaient eux-mêmes conscience tant sa divulgation s'est faite avec une grande discrétion.
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