7es Assises françaises de sexologie

Le paradoxe de la contraception

Publié le 18/04/2014
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Si la contraception est censée libérer et faciliter la sexualité féminine, elle peut, dans de rares cas, s `accompagner ou révéler des troubles sexuels féminin. Un paradoxe détaillé lors des 7es assises françaises de la sexologie. Une édition qui a également fait la part belle aux troubles sexuels masculins comme la dysfonction érectile ou l’éjaculation précoce.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

La contraception est perçue comme un atout pour la sexualité féminine. Mais paradoxalement, peu d’études se sont penchées sur son impact sexuel réel chez les femmes. « Les rares travaux disponibles suggèrent que pour la grande majorité d’entre elles la contraception a plutôt un effet bénéfique, a expliqué le Dr Francis Collier (CHRU de Lille), lors d’un atelier. Mais pour un petit pourcentage elle peut aussi s’accompagner ou révéler des troubles de la sexualité ».

Des baisses de la libido et plus rarement des défauts de lubrification, des dyspareunies, voir des troubles de l’orgasme ont été rapportées. Plusieurs hypothèses organiques ou hormonales ont été avancées pour expliquer l’apparition de ces symptômes, de l’annulation du pic de libido pré-ovulatoire à la baisse de la testostérone sous pilule (chez la femme comme chez l’homme la libido est sous le contrôle des androgènes). Mais aucune n’a été vérifiée avec certitude, et au final, « peu d’arguments évoquent la possibilité d’une étiologie organique ou hormonale, et l’interprétation à faire de ces troubles relève davantage du domaine du symbolique et du psychologique », résume le Dr Francis Collier.

Conflits intérieurs

De fait, « la contraception renvoie au fantasme de l’enfant imaginaire et fait émerger l’ambivalence vis-à-vis de désir d’enfant, poursuit ce spécialiste. Son acceptation nécessite d’être capable de résoudre cette ambivalence ». Dans le cas contraire elle peut être, chez certaines femmes, une source de conflits intérieurs important avec un risque de somatisation touchant volontiers le champ sexuel.

Par ailleurs, la contraception peut être un révélateur de troubles sexuels sous jacents. Enfin, certaines idées reçues sur la contraception (efficacité, effets indésirables) peuvent aussi interférer avec la sexualité. Avec à la clef un risque de mauvaise observance comme l’ont montré plusieurs études. Dans ce contexte, « il me paraît essentiel, avant toute prescription, d’aborder avec la patiente ses éventuelles idées reçues sur la contraception et ses effets indésirables sur la sexualité, puis d’en reparler après quelques mois pour lui permettre de mettre sur la table un éventuel symptômes rapportés à la contraception ». Le cas échéant, « il faut savoir entendre la vraie demande, mesurer les ressources de la femme et du couple et proposer une prise en charge sexologique adaptée. Et ne pas simplement rassurer, miser sur le temps ou changer de pilule, ce qui ne changera rien … »

D’après une interview du Dr Francis Collier (CHRU de Lille)
Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr