Le Généraliste. En quoi les généralistes sont-ils, selon vous, concernés par le problème de l’amiante ?
Dr Pierre Sebbag Par la force des choses, nous allons être de plus en plus concernés car le pic des maladies liées à l’amiante est devant nous et va toucher en grande partie des retraités, des travailleurs qui auront complètement changé d’activité professionnelle ou encore des personnes au chômage, qui ne seront plus directement suivies par la médecine du travail. Le gros souci vient du délai énorme entre l’exposition et ses conséquences. De plus, tous les patients qui ont été en contact avec de l’amiante n’ont pas été identifiés, notamment parmi les artisans ou les commerçants non salariés qui n’ont pas de médecine du travail ou dans l’entourage des personnes exposées. Notre rôle c’est de « récupérer » tous ces patients qui ont échappé pour une raison ou une autre à la médecine du travail pour pouvoir instaurer ou reprendre un suivi tel que le préconise la HAS.
Compte tenu du pronostic péjoratif des maladies liées à l’amiante, ce repérage a-t-il vraiment un sens ?
Dr P. S. Pour le mésothéliome, au niveau pronostic, qu’on le découvre tôt ou tard cela ne change effectivement pas grand-chose pour le moment. Mais il n’y a pas que le mésothélium… Surtout, il n’y a pas que le côté soin médical pur et dur. Il y a aussi tout l’aspect social et c’est là, qu’en tant que généralistes, nous sommes en prise directe avec le patient. Notre rôle est de pouvoir les accompagner dans leurs démarches sociales. Qu’ils puissent à la fois bénéficier du financement spécifique de la CNAM pour leur suivi et le cas échéant être indemnisés en cas de pathologies liées à l’amiante. Car si la déclaration en maladie professionnelle est faite par le patient, elle doit être soufflée et accompagnée par le médecin. L’idée est de limiter au maximum les pertes de chances sociales de nos patients.
Cela demande au médecin d’avoir une certaine culture de la médecine du travail, ce qui n’est pas toujours le cas…
Dr P. S. Effectivement, quand on tombe sur un mésothélium, on va bien sûr penser à l’amiante mais pour le cancer bronchopulmonaire par exemple, si le patient est fumeur on va parfois tout simplement oublier cet aspect. Mais le problème dépasse la question de l’amiante et, globalement, nous n’avons pas toujours le réflexe d’interroger nos patients sur leurs risques professionnels actuels ou passés. Faute de temps et de moyens dédiés mais aussi de formation. Mais, sur ce point, les choses bougent. À l’université de Versailles-Saint-Quentin par exemple, nous avons désormais une formation spécifique.
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