Un risque accru d’autisme ou d’hyperactivité chez les enfants dont les mères ont été sous antidépresseurs pendant leur grossesse ? Trois études qui viennent de paraître semblent démontrer l'absence de lien entre l’exposition prénatale à cette classe médicamenteuse et la survenue de troubles du spectre autistique ou d’hyperactivité. Une méta-analyse française publiée dans JAMA Pediatrics ainsi que deux études rétrospectives, l’une suédoise, l’autre canadienne, toutes deux parues dans JAMA, mettent en évidence que d’autres facteurs de risques pourraient être impliqués dans le développement de ces pathologies.
Les antidépresseurs soupçonnés depuis longtemps
Les résultats de ces travaux peuvent paraître surprenants. De nombreux soupçons pèsent depuis un certain temps sur les potentiels effets néfastes des antidépresseurs lors du développement fœtal. En effet, plusieurs observations laissaient à penser qu’en traversant le placenta, ces substances n’étaient pas sans risque pour l’enfant à naître. En octobre dernier, une étude américaine publiée dans JAMA Psychiatry suggérait que les femmes consommatrices des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) pendant la grossesse voyaient le risque d’avoir un enfant souffrant de troubles du langage s’accroître. De même, en 2015, des travaux parus dans le BMJ évoquaient des effets tératogènes de certains ISRS. La même année, encore une étude observationnelle publiée dans JAMA Pediatrics montrait que la prise de ces médicaments à certains stades cruciaux du développement engendrerait un surrisque d’autisme pour le bébé.
Et si le risque venait de la maladie de la mère et non de son traitement ?
Dans le dernier JAMA Pediatrics, des chercheurs français ont parcouru de nombreux travaux et ont examiné l’association possible entre autisme et usage des antidépresseurs chez la future mère. Ils ont identifié une dizaine d’études avec des résultats « inconsistants ». Si la plupart d’entre elles montrent bel et bien un lien, celui-ci était nettement moins visible si on tenait compte du passé mental de la mère. Par ailleurs, la consommation de ces molécules avant la conception semblait plus problématique encore que d'y recourir pendant la grossesse. Pour les auteurs de cette méta analyse, ces observations laissent supposer que les troubles psychologiques de la future maman seraient peut-être la véritable cause des problèmes de l’enfant plutôt que les traitements associés.
Ou d'autres facteurs ?
En parallèle, l'étude suédoise du JAMA portait sur l’analyse de données de pas moins de 1 581 000 enfants nés entre 1996 et 2012. Celle-ci révèle que les enfants exposés aux antidépresseurs lors du premier trimestre de grossesse étaient plus fréquemment prématurés, souffraient davantage d’autismes à l’âge de 15 ans et étaient plus souvent diagnostiqués comme hyperactifs à l’adolescence. Cependant, après avoir pris en compte d’autres facteurs comme certaines caractéristiques paternelles ou maternelles, ces résultats s’avéraient non significatifs, à l’exception de la prématurité. Les scientifiques ont également comparé les données entre les enfants exposés et leurs frères et sœurs qui ne l’étaient pas et non pas trouvé d’association.
Enfin, l'étude canadienne parue dans la même revue ne montre pas non plus de lien entre autisme et prise d’ISRS et IRSN pendant la grossesse. Les travaux sont basés sur près de 36 000 enfants nés entre 2002 et 2010 qui ont été suivis jusqu’en 2014. Apparemment, 7,9 % des enfants inclus dans l’étude ont été exposés in utero et parmi eux, 2 % ont développé un trouble du spectre autistique par la suite. Mais, là encore, la comparaison entre les enfants exposés et leurs frères et sœurs respectifs ne donnaient pas de résultats convaincants. Ainsi, les auteurs concluent que « l’association observée précédemment pourrait s’expliquer par d’autres facteurs ».
Au final, ces dernières études apportent de nouveaux éléments qui écartent l'hypothèse impliquant directement la prise d'antidépresseurs chez les femmes enceintes et la survenue de troubles du spectre autistique dans la descendance. Et si le véritable facteur de risque était la dépression dont souffre la mère plutôt que les médicaments pour la traiter ?
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