La France en matière d'infection à VIH réussira-t-elle son pari ? Dès 2020, 95 % des personnes contaminées par le virus devraient connaître leur statut sérologique. 95 % des personnes infectées, dépistées, recevront un traitement antirétroviral. Enfin, 95 % d'entre eux présenteront une charge virale indétectable. Selon toute probabilité, le premier objectif, selon le rapport de la Cour des comptes ne devrait pas être atteint. En effet, sur 172 000 personnes vivant en France avec le VIH, 31 000 seraient hors de toute prise en charge. Et 24 000 ignorent leur statut sérologique. Dans ce contexte, « la politique de prévention doit être repensée et amplifiée, en particulier auprès des jeunes », peut-on lire dans le rapport. Une nouvelle fois « la France ne s'est pas donné les moyens d'atteindre ses objectifs ». En revanche, elle aura largement réussi à maîtriser ses dépenses pharmaceutiques. En effet, le marché pour l'indication du VIH entre 2017 et 2018 se serait contracté de 3 % en valeur tout en croissant en volume de 1 %. Cette performance serait obtenue alors que l'on note dans le même temps un allégement des traitements et une meilleure observance des patients.
Cette classe thérapeutique est dans l'œil du viseur du Comité économique des produits de Santé (CEPS). En effet, si les antirétroviraux représentent 6 % du marché des médicaments, ils ont généré 9,5 % des économies demandées pour respecter l'Ondam. Lors du plan de baisse en 2016-2017, des réductions de prix ont varié de -6,4 % à -19 %. Ce qui a produit 97 millions d'euros d'économies pour l'assurance-maladie. Le 2 janvier 2019, la même potion a été administrée aux industriels avec cette fois une diminution d'environ 10 % des prix des médicaments les plus prescrits et encore sous brevet. Cette mesure devrait générer 60 millions d'économies.
160 euros la boîte au lieu de 400 euros
Un sort particulier a été réservé au Truvada®. En juillet 2017, un premier générique en traitement curatif est mis sur le marché. Selon les principes de l'accord-cadre, des baisses automatiques de prix sont alors pratiquées. Mais alors qu'aucune nouvelle réduction n'est théoriquement possible dans les dix-huit mois suivant une générication, une diminution de prix de 15 % est publiée le 1er janvier 2018. D'où un prix pour le générique de 160 euros par boîte au lieu de 400 euros initialement pour le princeps.
Cette contribution significative ne répond manifestement pas aux attentes de la Cour des comptes. La 10e recommandation du rapport appelle ainsi à « mieux réguler les dépenses de médicaments en mettant en œuvre un plan ambitieux de baisse de prix des antirétroviraux sur la base d'une réévaluation d'ensemble de cette classe thérapeutique, et en augmentant la part des génériques dans les prescriptions d'antirétroviraux, par une sensibilisation des prescripteurs, des pharmaciens et des patients ».
53 génériques, 165 princeps
Une marge de progression serait semble-t-il aisée. En 2018, l'ANSM a recensé 53 génériques pour 165 princeps. À l'hôpital par exemple, les génériques représentent 0,9 % des volumes distribués pour un chiffre d’affaires de 0,4 %. Pour autant, cette réduction en cascade de prix ne risque-t-elle pas d'amplifier le risque de rupture d'approvisionnement, selon la question soulevée par Yves Daudigny, vice-président de la commission des affaires sociales au Sénat lors de la présentation du rapport de la Cour des comptes. Sûrement pas, a répondu en substance François de la Guéronnière, président de section à la Cour des comptes. « Les ruptures d'approvisionnement sont encore limitées. Nous en avons recensé 18 de moins de 15 jours. Pour l'avenir, nous recommandons le développement des génériques. Ce qui réduira le risque de rupture. »
Cette affirmation pour le moins n'a pas été vérifiée à ce jour dans d'autres aires thérapeutiques. En attendant, des innovations sont attendues comme par exemple la mise sur le marché d'un traitement injectable une fois par mois. À suivre.
* La prévention et la prise en charge du VIH.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation