En matière de cancer, il n’y a pas de grand soir. Pour autant, la survie à cinq ans progresse, comme le rapporte une étude récente. Les résultats sont encourageants pour trois tumeurs solides fréquentes. Dans le cancer de la prostate, le taux progresse de +22 points pour atteindre 94 % de survie. Dans le cancer colorectal, la progression est moins spectaculaire mais demeure significative avec un gain de 9 points (63 %). Quant au sein, la hausse est de 7 points (87 %). Deux facteurs principaux expliquent cette amélioration. En premier lieu, les tumeurs sont diagnostiquées de plus en plus souvent grâce à un diagnostic précoce (dépistage organisé, amélioration des pratiques). Les avancées thérapeutiques expliquent aussi ces meilleurs chiffres avec la persistance dans le même temps de grandes disparités selon les localisations. Sur la période 2005-2010 par exemple, la survie nette à 5 ans est à 4 % pour le mésothéliome pleural. Elle atteint 96 % pour le cancer du testicule.
Bref, les cancers de mauvais pronostics n’ont pas tous été vaincus. Définis par une survie nette à cinq ans inférieure à 33 %, ils représentent encore 25 % des cancers diagnostiqués avec un différentiel marqué selon le sexe. Les hommes sont une nouvelle fois plus fragiles que les femmes avec 31 % de cancers graves. Le chiffre chute à 17 % chez les femmes. Cette disparité s’explique par le fait que les cancers du poumon, de l’œsophage, de l’estomac frappent davantage le sexe fort.
L’âge, facteur de survie
L’âge intervient également sur la survie. Les personnes âgées présentent un moins bon pronostic. Une mortalité élevée est ainsi observée immédiatement après le diagnostic. D’autres causes sont également avancées pour expliquer cette surmortalité comme un recours moins fréquent aux traitements novateurs liés à l’existence de comorbidités et un diagnostic à un stade plus avancé. Au final, cette population fait l’objet d’une prise en charge inégale par rapport aux autres classes d’âge. Elle n’est d’ailleurs pas concernée par les campagnes de dépistage. D’où l’instauration dans le troisième plan cancer d’un critère qui vise à optimiser la prise en charge des personnes âgées. Le développement d’une approche multidisciplinaire avec les réunions de concertation d’oncogériatrie doit permettre à l’avenir de choisir le traitement le plus novateur dans cette classe d’âge.
Si de réels progrès sont enregistrés pour la majorité des cancers, la survie diminue pour les cancers du col utérin et de la vessie. De manière paradoxale, ces mauvais résultats s’expliquent par les performances du dépistage. Le frottis permet d’identifier et de reséquer dans un second temps les lésions précancéreuses mais également « de détecter des cancers à un stade précoce de leur croissance invasive », notent les auteurs de l’étude. Moins nombreux, les cancers utérins se révèlent plus agressifs. Pour la vessie, l’explication serait liée à la mise en œuvre d’une nouvelle taxinomie qui se traduit par le diagnostic de cancers de plus mauvais pronostic.
Si l’on compare les résultats aux études internationales, le système français se révèle performant. En effet, la survie est similaire ou supérieure à la moyenne européenne pour la majorité des localisations cancéreuses. Seuls échappent à ce bon classement les cancers de la tête et du cou, du corps utérin et de la vessie (respectivement 33,7% versus 39,9%, 73% versus 76,2%, 57% versus 68,6%). Outre là encore des problèmes de classification, sont aussi avancés des facteurs individuels comme les conditions socio-économiques et les facteurs de risque.
Les auteurs ne versent pas pour autant dans l’autosatisfaction. La question du surdiagnostic et du surtraitement n’est pas occultée. En effet, certains cancers sont dépistés alors que le non-diagnostic n’aurait pas influencé l’espérance de vie. Les chercheurs attendent dans ce cadre l’identification de sous-types moléculaires et génétiques afin de mieux évaluer le potentiel évolutif des tumeurs. Ce qui permettra à terme de prescrire un traitement en priorité dans le cas des tumeurs agressives. Une simple surveillance peut suffire comme aujourd’hui dans certains cas du cancer de la prostate.
Télécharger le rapport Suivi des personnes atteintes de cancer en France métropolitaire (hémopathies malignes) :
http://www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/M…
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