Décision Santé. C’est la première fois qu’un major choisit l’oncologie. Pourquoi ce choix ?
Julien Vibert. Oui en effet. Ce n’est pas une spécialité recherchée. C’est ce que j’avais envie de faire depuis le début.
D. S. Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J. V. Ma mère qui est chinoise a fait ses études en Chine et est anapath de formation. Elle est très tôt partie au Japon préparer une thèse de science car elle était intéressée par la recherche contre le cancer. Elle a rencontré mon père au Japon. Ils se sont mariés en France. C’est devenu un peu compliqué pour elle qui n’a pas pu faire de recherche. Elle a dû trouver un travail dans l’industrie pharmaceutique.
D. S. Votre choix professionnel serait un prolongement des ambitions de votre maman…
J. V. C’est surtout pour moi une vraie vocation. J’ai toujours été intéressé par les sciences. J’ai toujours été très bon en maths, en physique. Au départ, je ne raffolais pas de la biologie. Mais finalement le côté humaniste et philosophique de la médecine m’a vraiment intéressé. C’est ce que j’ai choisi comme cursus après le bac, alors qu’on m’avait fortement conseillé maths sup et que j’avais le profil pour le faire. En particulier je souhaitais vraiment travailler dans la recherche sur le cancer.
D. S. Qu’est-ce qui vous touche en particulier dans cette maladie ?
J. V. Le cancer est la première cause de mortalité. Il s’agit de la maladie du siècle. C'est une tragédie aussi bien dans l’imaginaire des gens que dans la réalité de tous les jours. On a tous des proches atteints de cancers. Comment va-t-on pouvoir la traiter, mieux la prendre en charge ? Beaucoup de progrès ont été réalisés. Mais il en reste encore beaucoup à faire. Et moi qui aime beaucoup les sciences, je me suis dit que je pouvais apporter ma pierre à l’édifice de la médecine, de l’oncologie. Et surtout j’ai décidé de faire de la médecine parce que j’ai estimé que faire uniquement de la recherche dans la lutte contre le cancer, ce n’était peut-être pas suffisant. Je considère que c’est important de pouvoir voir les patients et de connaître leurs besoins. C’est pourquoi mes projets étaient de faire médecine à Paris V et ensuite d’entrer très tôt dans une filière de master de recherche précoce de biologie des systèmes, bioinformatique et modélisation à Paris-Descartes, et ensuite avec l’Ecole normale supérieure.
D. S. Cela a eu l’air compliqué de gérer tout en même temps…
J. V. Oui, j’ai dû arrêter la médecine afin de faire un master de recherche précoce de bio-informatique et modélisation, ce qui est très différent de la médecine. Je trouve cela très enrichissant de passer d’un domaine à l’autre. Et en fait il y a peu de ponts érigés entre la science et la médecine. Il faut savoir que les médecins n’ont aucune idée des outils mathématiques de la bio-informatique, alors même que cette dernière ainsi que la biologie des systèmes sont des domaines qui évoluent très rapidement. Et donc beaucoup d’applications pourront se faire en oncologie grâce à toutes les données de génomique à haut débit qui nous arrivent en masse et qu’on n’arrive pas forcément à analyser. D’autres domaines sont tout aussi passionnants comme la modélisation, les nanotechnologies. Ce sont des champs encore peu explorés par les médecins. Pour ma part, je me donne à fond pour avoir cette double compétence et faire le lien.
D. S. Vous parvenez également à faire le lien entre votre corps et votre esprit via le kung fu…
J. V. Oui, je fournis un travail intellectuel intense. Et donc mon corps se fatigue aussi. Le kung fu n’est plus une astreinte pour moi, puisqu’il fait vraiment parti de mon quotidien. Il procure une force corporelle et mentale.
D.S. Si vous êtes un gros bûcheur, êtes-vous aussi un petit dormeur ?
J. V. Non, pas du tout. Je fais au contraire très attention à bien me reposer et à bien m’alimenter. J’ai cette chance de travailler et de mémoriser vite et bien. Je ne travaille pas énormément en heures, mais je travaille efficacement…
D. S. Concrètement, quelles sont vos activités pour cette rentrée ?
J. V. Je suis en stage de pré-interne (« super-externe ») de sept semaines en immunologie à l’HEGP (Hôpital Georges-Pompidou) pour encore quatre semaines. Ensuite, j’ai un mois de vacances en octobre. Puis, je commencerai mon premier stage en oncologie. Je ne sais pas encore où, les choix se feront a priori dans un mois. L’internat d’oncologie dure cinq ans. Chaque stage dure six mois. Il y a quatre stages en oncologie, quatre libres, un en radiothérapie et un en hématologie. Je ferai aussi ma thèse pendant deux ou trois ans pendant ou après l’internat.
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