Antidiabétiques

Ozempic, quid du mésusage dans la perte de poids ?

Par
Publié le 21/11/2022
Article réservé aux abonnés

Si certains analogues du GLP-1 sont autorisés dans la lutte contre l'obésité, d'autres comme Ozempic feraient l'objet d'un usage détourné dans une optique de perte de poids, y compris chez des sujets de corpulence normale. Une pratique en vogue sur les réseaux sociaux, qui a poussé l'ANSM à mettre en place un suivi renforcé. Pour le moment les données de vente en France semblent plutôt rassurantes.

Crédit photo : omar - stock.adobe.com

Utilisés depuis plusieurs années dans le diabète, certains analogues du GLP-1 ont fait la preuve de leur efficacité dans la lutte contre l’obésité et des spécialités comme Saxenda (liraglutide, laboratoire Novo Nordisk) ou plus récemment Wegovy (sémaglutide, laboratoire Novo Nordisk) ont obtenu une AMM européenne dans cette indication*.

Mais en marge de ce cadre officiel, les réseaux sociaux se font l’écho depuis plusieurs semaines de l’utilisation « sauvage » d’antidiabétiques comme Ozempic (sémaglutide, laboratoire Novo Nordisk) dans une optique d'amaigrissement, y compris chez des sujets de poids normal. Un détournement d’usage promu par certains influenceurs et amplifié par le témoignage de personnalités médiatiques. À l’image d’Elon Musk, qui livrait récemment sur twitter le « secret » de sa perte de poids : 

Un suivi renforcé

Or « Ozempic est un antidiabétique indiqué dans le diabète de type 2. Il n’a pas d’indication dans l’obésité ou le surpoids, rappelle l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), interrogée par Le Généraliste. Cependant, des remontées de terrain ont fait état d’un usage parfois détourné, hors AMM, chez des personnes non diabétiques ni malades dans une volonté de perte de poids ».  Si le risque d’hypoglycémie est très limité (sauf association à d’autres antidiabétiques), « ces usages détournés peuvent faire apparaître des effets indésirables dont les plus fréquemment signalés sont les troubles intestinaux ».

Ainsi, « dans la mesure où ce risque (de mésusage) a été identifié, il nécessite un suivi renforcé, poursuit l’Agence du médicament. Il a donc été demandé aux laboratoires commercialisant des analogues de ­GLP-1 un suivi trimestriel des données à leur disposition, incluant les données de vente, les suivis des réseaux sociaux, les nouvelles données de la littérature et les cas rapportés de mésusage avec ou sans effet indésirable ». Le premier rapport compilant l’ensemble des éléments de ce suivi est attendu au premier trimestre 2023.

À ce stade, « les ventes d’Ozempic augmentent de façon progressive depuis sa commercialisation mi-2019, rapporte l’ANSM, et les courbes sont cohérentes avec une mise sur le marché d’un nouveau médicament. Il n’existe pas de pic particulier ou hausse brutale ces derniers mois de la consommation en France ni de variations saisonnières pouvant suggérer une utilisation hors AMM pour amaigrissement ».

Comme l’avait signalé l’ANSM dès septembre, ce médicament rencontre toutefois des tensions d’approvisionnement au niveau mondial, dues à une augmentation de la demande, notamment aux États-Unis.

Un effet sur le comportement alimentaire

Le rationnel d’utilisation des analogues du GLP-1 dans la lutte contre l’obésité repose sur leurs effets sur les signaux du comportement alimentaire. Le GLP-1 endogène est une incrétine principalement synthétisée au niveau de l’intestin mais aussi du cerveau, avec des récepteurs localisés au niveau cérébral, pulmonaire, cardiaque, pancréatique, rénal et du tractus digestif. Il active des aires cérébrales impliquées dans la régulation de l’appétit. Outre son impact sur régulation de la glycémie, on compte parmi ses effets une augmentation de la satiété et de la plénitude, un effet anorexigène avec une diminution de la consommation alimentaire et de la prise énergétique. De plus, il réduit l’acidité et la vidange gastriques.

Alors que le GLP-1 endogène a une demi-vie très courte, les analogues synthétiques permettent d’exploiter ces propriétés avec une demi-vie plus longue permettant une injection quotidienne voire hebdomadaire.

*Wegovy et Saxenda ont une AMM pour le contrôle du poids, chez des adultes avec IMC initial  ≥ 30 kg/m2 ou  ≥ 27 kg/m2 en cas de facteur de comorbidité associé. Wegovy n’est pas commercialisé en France pour le moment.


Source : lequotidiendumedecin.fr