« Donnez-nous les moyens d’anticiper pour ne plus subir ! » La formule, martelée ce vendredi matin lors du CMGF par le Dr Sylvain Bouquet, (généraliste en Ardèche et membre du groupe thérapeutique du Collège de la médecine générale) résume le sentiment général des praticiens libéraux, confrontés à l’insoluble dilemme des pénuries de médicaments. Un problème qui va s’accentuant, convient le directeur général de l’ANSM, Dominique Martin, puisqu’après une relative accalmie entre 2010 et 2013, chaque année voit quasiment doubler le nombre de signalements de tensions et ruptures, spécialités cardiovasculaires, du système nerveux et antibiotiques en tête. L’année 2020 n’échappera pas à cette tendance.
Pour les généralistes, « l’impact direct sur nos pratiques » est ingérable, rappelle Sylvain Bouquet. D’abord et surtout, par manque d’information, qui permettrait d’anticiper en consultation : « la plupart du temps, nous l’apprenons par le patient, éventuellement par le pharmacien ». Avec le risque, que le patient arrête son traitement, « dont le prescripteur ne savait même pas qu’il n’était plus disponible » et que le praticien, « obligé de trouver rapidement une solution en recevant son patient entre deux rendez-vous fasse un switch inadapté vers une autre spécialité ».
Des infos peu lisibles
Pour les médicaments à marge thérapeutique étroite, adapter le traitement en prescrivant une alternative, suppose aussi de maîtriser les équivalences de posologie. Comment procéder, quand « le spécialiste est à 2 heures de route avec un délai de 6 mois de rendez-vous » et que l’on n’a pas le temps de plonger dans les méandres du site de l’ANSM ? « L’info existe, mais elle est mal fichue » résume François Lacoin, responsable du pôle médicament du CMG.
Dominique Martin en convient : l’ANSM souffre d’un déficit de visibilité : « un généraliste sur deux ne nous connaît pas » et son site internet est en refonte pour plus de lisibilité. Mais pour les généralistes, l’information mériterait sans doute d’emprunter un canal plus direct, dédié et surtout ciblé, comme le suggère Sylvain Bouquet : « je n’ai pas forcément besoin de savoir que tel antimitotique est en rupture, je ne suis pas cancérologue. Mais pourquoi pas un mail direct, repérable, une fois par semaine, d’une page écran, pas plus, ciblant les médicaments prescrits par les généralistes, avec des informations claires et rapides sur les ruptures, leur durée et les alternatives ? » Pour le Collège de médecine générale, cette solution jugée « intéressante » par le patron de l’ANSM, constitue une vraie piste de travail.
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