Saint-Simon, dans ses célèbres Mémoires, nous rapporte qu’à leur petit lever certaines princesses ne se gênaient pas pour entretenir la conversation sur leurs chaises privées. Les reines de France ont même reçu des ambassadeurs sur ce meuble qui n’avait rien d’isolé ni de honteux.
Dans les lettres de Lord Chesterfield à son fils, Ph. Stanhope (1748), nous voyons le noble lord recommander à son descendant de ne pas perdre son temps même à la garde-robe et il lui cite l’exemple de ce lord érudit qui emportait quelques pages d’une édition vulgaire d’Horace, qu’ensuite il envoyait bas comme un sacrifice à Cloacine.
On peut ainsi citer différents passages d’historiens qui permettraient d’établir une « Contribution à l’étude des personnages qui ont médité sur la garde-robe ou l’histoire anecdotique et littéraire des garde-robes et des chaises percées à travers l’histoire ».
En Chine, on sait que le papier antiseptique moderne est remplacé par la langue des chiens, chiens comestibles du reste. Au Japon, pays où les bestiaux européens font défaut, il est d’usage de mettre le matin à la porte des « chaïa » un double seau que le vidangeur emporte et doit payer ou remplacer par des seaux remplis de légumes, par un procédé de libre-échange. Les architectes japonais donnent tous leurs soins à la construction du petit pavillon solitaire entretenu dans un soigneux état de propreté et entouré de fleurs et d’arbres rares.
Un grand médecin avait l’habitude de dire : « Je suis tellement occupé que je n’ai le temps de réfléchir qu’à la garde-robe ». Un grand nombre de confrères surchargés avouent qu’ils n’ont le temps de parcourir les journaux médicaux qu’aux cabinets. Cela n’est pas un fait isolé, si on réfléchit au nombre énorme de maximes grotesques, d’adages scatologiques ou grivois, de poésies légères qu’on trouve souvent sur les murs des water-closets d’hôtelleries en province. Cette inspiration soudaine, venue dans un endroit retiré où l’on a l’habitude d’être seul, n’a-t-elle pas une cause physiologique ? Je dis où l’on a l’habitude d’être seul, point contestable car, il y a quelques années, dans l’Yonne, j’ai remarqué un water-closet géminé. La table de sacrifice à Cloacine était percée de deux orifices jumeaux et très voisins, sans séparation aucune. Comme j’en faisais l’observation en riant au propriétaire d’hôtel, il me fit cette réponse : « Que voulez-vous, il vient souvent ici des jeunes gens en voyage de noce… et ces nouveaux mariés sont bien exigeants ; ils ne veulent jamais se quitter, même en cet endroit… »
Spiritus flat ubi vult !
Il n’est pas de petits sujets à glaner, si inférieur que puisse en paraître, a posteriori, l’intérêt.
Notons qu’il existe une pathologie de la garde-robe : la position accroupie peut être à l’origine de luxation des cartilages semi-lunaires de l’articulation du genou. Le regretté professeur Le Fort s’insurgeait ainsi dans ses cours sur la mauvaise installation des water-closets de la Faculté de Médecine. Il prétendait y avoir contracté une luxation d’un de ses cartilages semi-lunaires.
Il n’y a pas de petites questions pour l’hygiéniste et pour l’anecdotier de la médecine : on a parlé récemment de la flagellation comme perversion sexuelle. Les Chinois emploient dans les maisons de prostitution un appareil très singulier. Il est essentiellement constitué par deux boules d’ivoire, reliées par une corde à boyau telle que celle des instruments de musique, et d’un archet. On introduit dans le rectum, assez haut, une des boules, et on fixe l’autre, puis on fait vibrer la corde en promenant dessus l’archet. Les Chinois trouvent, paraît-il, une volupté particulière à ce singulier moyen de communiquer des vibrations au rectum. On y joint quelquefois des pièces métalliques qui, en s’entrechoquant, augmentent et prolongent les vibrations.
(Chronique médicale, 1900)
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