Vaccination antigrippale

Pas d'argument pour privilégier les vaccins quadrivalents, selon le HCSP

Publié le 21/10/2016
grippe

grippe
Crédit photo : SPL/PHANIE

En matière de vaccination antigrippale, le nombre de valences ne fait pas forcément la force. C’est en tout cas ce que suggère un avis du HCSP publié hier.

Sollicitée sur la pertinence de remplacer le vaccin trivalent inactivé (incluant deux souches A mais une seule B), par le vaccin quadrivalent (associant deux souches A et deux souches B), l’institution estime en effet que « les données épidémiologiques et virologiques disponibles à ce jour en France n’apportent pas d’éléments nouveaux permettant, en l’absence de données d’efficacité clinique comparatives, de privilégier l’utilisation des vaccins quadrivalents par rapport aux vaccins trivalents inactivés, ni d’identifier une ou des populations chez qui ce vaccin pourrait être recommandé de façon préférentielle».

Le scénario grippal de l’an dernier, marqué par la circulation d’un virus de souche B/Victoria non contenue dans le vaccin, aurait pourtant pu laisser penser le contraire. Mais l’analyse plus fine de la saison grippale 2015-2016 ne va pas dans ce sens. En effet, si les virus grippaux identifiés en médecine ambulatoire étaient bien en grande majorité des virus de type B victoria, leur implication dans les formes admises en réanimation semble relativement limitée. De plus, les enfants ont été particulièrement touchés. Or, en l’absence de facteur de risque, ils ne sont pas ciblés par la vaccination. « L’augmentation de consultations et d’hospitalisations dans ce groupe d’âge n’est donc pas une conséquence de l’absence de souche de la lignée B/Victoria dans le vaccin » estime le HCSP. Et globalement « l’absence de souche de la lignée B/Victoria a eu peu de conséquences sur le nombre d’hospitalisation et de décès au cours de l’épidémie ».

Le HCSP pointe par ailleurs l’absence de données d’efficacité clinique comparatives entre vaccins trivalents et quadrivalents permettant d’étayer avec précision le bénéfice attendu en cas de remplacement des premiers par les seconds. Enfin, l’avis souligne qu’il n’existe pas de population à risque de grippe B clairement définie.

Dans ce contexte, le HCSP ne préconise pas pour le moment de privilégier le vaccin quadrivalent par rapport au trivalent. Cependant à terme, « bien que le poids de la grippe B soit moindre que celui de la grippe A, le remplacement du vaccin trivalent par le vaccin quadrivalent paraît probable en raison de l’évolution divergente des deux lignées de virus B ».

Actuellement, en France, seuls les vaccins trivalents sont pris en charge par l’assurance maladie pour les personnes ciblées par les recommandations vaccinales et aucun vaccin quadrivalent inactivé n'est disponible pour la saison grippale 2016-2017. Le vaccin FluarixTetra® des laboratoires GSK a pourtant obtenu une AMM européenne en juin 2013. Une demande d’AMM est aussi en cours d’examen pour le Vaxigrip Tetra® des laboratoires Sanofi.

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr