Cette augmentation de l’incidence tuberculeuse vous surprend-elle ?
Pr Éric Caumes : La tuberculose est typiquement une maladie de la pauvreté et de la promiscuité. Il n’est donc pas étonnant que l’Île-de-France, région à la plus haute densité de population, notamment précaire et/ou migrante, soit en France métropolitaine la plus concernée par cette pathologie. Cela fait plusieurs années déjà que nous, infectiologues, alertons sur l’augmentation du nombre de cas de tuberculose, avec beaucoup de formes multirésistantes.
Quelles sont les implications en médecine générale ?
Pr É.C. : Nous avons perdu en France la culture médicale de la tuberculose. Le défi pour un médecin généraliste, c’est de ne pas passer à côté. Cette maladie, insidieuse et progressive, est aujourd’hui sous-diagnostiquée et sous-traitée. Dans mon service, beaucoup de cas ont traîné plus d’un an avant d’être identifiés ! Spécifiquement chez un patient à risque, certains symptômes organiques doivent alerter. Typiquement, le sujet migrant immunodéprimé et/ou diabétique, qui tousse de manière chronique, avec une altération de l’état général et une fébricule prolongée. Les sueurs nocturnes et l’asthénie sont classiques. On peut prescrire une radiographie pulmonaire. Mais surtout, les patients doivent être rapidement orientés vers un centre de maladies infectieuses pour les BK tubages.
Faut-il modifier la stratégie vaccinale ?
Pr É.C. : Non, pas nécessairement. Le BCG est peu efficace, il ne protège que de la méningite tuberculeuse et de la miliaire chez l’enfant.
* Chef du service des maladies infectieuses, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
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