Une autre approche thérapeutique que la transplantation de cellules souches hématopoïétiques vient d’être validée par des chercheurs espagnols. Une thérapie génique a montré son efficacité à long terme chez huit enfants traités et ce avec un protocole sans conditionnement cytotoxique, une avancée majeure pour le futur des petits patients. L’équipe de Madrid dirigé par le Pr Juan Bueren a publié dans The Lancet les résultats d’un essai de phase 1/2 initié en 2016.
Dans cet essai clinique international, les huit participants (âgés entre 3 et 7 ans lors de l’inclusion entre 2016 et 2019) ont été traités par transplantation de cellules souches hématopoïétiques autologues génétiquement modifiées par l’addition du gène FANCA. Le critère principal d'évaluation de l’efficacité de ce nouveau protocole est la prise de greffe des cellules génétiquement modifiées au cours des années suivant la greffe, et leur stabilité dans le temps. En parallèle, la sécurité du traitement est validée en observant l’absence de la survenue d’événements indésirables au cours des trois années suivant la perfusion.
« La Pr Marina Cavazzana et ses collaborateurs sont extrêmement heureux d’avoir pu collaborer avec cette équipe et participer à cette étude clinique, félicitent leurs collègues et amis pour ce succès qui couronne de nombreuses années de recherche pré-clinique et clinique », lit-on dans un communiqué de l’Institut Imagine.
Une maladie survenant dans la première décennie
La transplantation de cellules souches hématopoïétiques est jusque-là le traitement standard chez les patients atteints d'anémie de Fanconi-A (mutation du gène FANCA), l’aplasie médullaire constitutionnelle la plus fréquente, mais les complications associées à ce type de greffe sont sévères. Une incidence accrue de cancers (carcinomes épidermoïdes de la tête et du cou), liée au conditionnement cytotoxique et à la maladie du greffon contre l’hôte, rend nécessaire le développement de thérapies moins toxiques.
L’anémie (ou maladie) de Fanconi est une maladie génétique rare, multisystémique, caractérisée chez la grande majorité des patients par une insuffisance de la moelle osseuse qui se développe progressivement, notamment pendant la première décennie. Ces symptômes sont également associés à des malformations congénitales et à un risque élevé d'hémopathies myéloïdes (leucémies myéloblastiques, syndromes myélodysplasiques) et de tumeurs solides. Cette maladie concerne 1 naissance sur 160 000 à travers le monde.
Aucun événement génotoxique
L’essai a montré qu’une thérapie génique hématopoïétique permet l’arrêt de la progression de la maladie vers l’aplasie médullaire et dans deux cas la réversion complète du phénotype hématopoïétique. L’expression du gène FANCA a été détectée dans les cellules circulantes et dans la moelle osseuse chez cinq des huit patients évaluables (62,50 %). Aucun événement génotoxique lié à la thérapie génique n'a été observé. La plupart des effets indésirables étaient considérés comme non liés à la nouvelle approche (un seul l’était) et tous ont été résolus sans séquelles.
« Ces résultats constituent une avancée majeure dans le traitement de cette maladie, de manière toujours plus efficace, plus simple à mettre en place, et surtout sans les effets délétères de la chimiothérapie habituellement utilisée dans les greffes à partir d’un donneur compatible. Elle ouvre également la voie à son application dans d’autres pathologies similaires », se félicite l’Institut Imagine. D’autres essais cliniques de thérapie génique avec un protocole amélioré sont menés aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne. En 2020, des premiers résultats encourageants avaient été rapportés chez sept patients aux États-Unis.
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