L’Inserm recherche 25 000 adultes pour prendre part à des essais cliniques de candidats vaccins contre le covid-19. C’est ce qu’a annoncé jeudi l’institut de recherche, lors du lancement du site Covireivac.fr dédié au recrutement des volontaires.
Alors que de nombreux candidats vaccins sont dans les tuyaux, la France s’est en effet organisée pour contribuer à l’évaluation des plus prometteurs avec la mise en place d’une plateforme (également baptisée Covireivac) qui fédère 24 centres d’investigation clinique (CIC) au sein de CHU.
Selon Odile Launay, professeur en maladies infectieuses et tropicales à l’Université de Paris et coordinatrice du réseau de CIC, cette initiative devrait permettre de mener au cours des prochains mois et dans les régions les plus touchées par l’épidémie jusqu’à 5 essais cliniques de phase II et 3 essais de phase III. Plus précisément, ces investigations devraient servir d’une part à l’évaluation de l’immunogénicité des candidats vaccins sur les personnes âgées, et d’autre part à la mise en évidence de leur efficacité et de leur sécurité à grande échelle. Pour le moment aucun candidat vaccin n’a encore été sélectionné de façon définitive.
D’après l’Inserm, les volontaires inscrits sur le site Covireivac seront recontactés d’ici le début de l’année 2021 pour être inclus dans une ou plusieurs études.
Un suivi au long cours
Le dispositif Covireivac ayant été conçu en « lien étroit » avec le CNGE, les médecins généralistes devraient être sollicités pour réaliser en ville le suivi des participants.
« Outre le suivi et la surveillance des volontaires pendant les essais, un dispositif spécifique de surveillance des participants sera mis en place par la plateforme à la fin des essais, en lien avec les médecins généralistes et l’ANSM », indique l’Inserm. Autrement dit, certains généralistes devraient être impliqués pour assurer le « suivi de la sécurité des vaccins à long terme ».
C’est ce qu’a confirmé Olivier Saint-Lary, professeur de médecine générale et vice-président du CNGE : si les médecins généralistes peuvent avoir un rôle d’information, ils devraient surtout avoir une importance dans le suivi régulier et de plus longue durée des participants aux études de phase III, a-t-il insisté. L’enjeu est en effet de faire appel aux professionnels « qui connaissent bien les patients » pour identifier au mieux des effets indésirables éventuels en tant que tels, a expliqué Serge Gilberg, professeur de médecine générale et ancien membre du comité technique des vaccinations.
Plus concrètement, le réseau des 11 000 maîtres de stage des universités a été mobilisé pour estimer le nombre de médecins susceptibles de participer, a affirmé Olivier Saint-Lary. D’après lui, « un certain nombre de contraintes logistiques » devrait favoriser « les cabinets de groupe », qui disposent de plus de professionnels et de moyens, nécessaires pour participer aux essais.
L’innocuité des candidats vaccins au cœur des préoccupations
Dans tous les cas, Odile Launay a insisté sur l’objectif principal de ce suivi en ville : s’assurer de l’innocuité des candidats vaccins, qui devraient être sélectionnés par le comité scientifique vaccins après obtention de résultats d’essais de phase 2 ou à l’issue de phases 3 réalisées ailleurs dans le monde selon d’autres schémas vaccinaux.
Il s’agira du « premier vaccin contre un coronavirus », a rappelé l’infectiologue. Comme plusieurs candidats reposent sur des modèles encore peu utilisés tels que des vaccins à vecteurs viraux ou des vaccins génétiques à ARNm pour lesquels on dispose d’un recul moindre, la plus grande prudence doit être adoptée. Et, dans un pays particulièrement réticent à la vaccination, ces précautions doivent être montrées, a souligné Odile Launay.
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