Nouvelle déception avec le tocilizumab dans le traitement du Covid-19. Dans un communiqué publié jeudi, le laboratoire Roche rapporte de nouveaux résultats négatifs (non publiés pour le moment) pour cet immunomodulateur antagoniste des récepteurs de l’IL-6 initialement développé contre la polyarthrite rhumatoïde et repositionné dans le Covid.
Il s’agit en fait des données de l’étude Remdacta, conduite chez des patients hospitalisés pour des formes sévères de Covid + avec pneumonie. Cet essai de phase III, randomisé, en double aveugle et multicentrique présentait l’originalité de coupler le tocilizumab au remdesivir (Veklury), antiviral considéré comme susceptible d’être actif contre le SARS-CoV-2, même si l’essai Discovery l’a abandonné fin janvier faute de preuve de son efficacité.
Pas d’accélération de la guérison
Malgré cela, l’essai Remdacta « n’a pas atteint son objectif primaire », à savoir diminuer la durée d’hospitalisation pour Covid-19 et de ce fait accélérer la guérison de la maladie, déplore le laboratoire. Même constat vis-à-vis des objectifs secondaires de l’étude, celle-ci n’ayant pas non plus montré ni réduction du risque de décès, ni diminution du risque de glissement vers une ventilation mécanique ou la mort, ni amélioration de l’état clinique des sujets infectés.
Seul élément encourageant : « aucun nouveau signal de sécurité n’a été identifié pour le tocilizumab », pointé comme potentiellement dangereux par une étude brésilienne parue fin janvier dans le BMJ, note l’entreprise.
Les recherches se poursuivent
Si ces résultats apparaissent décevants, Roche ne semble pour autant pas baisser les bras vis-à-vis du tocilizumab. « Nous continuons de croire que la totalité des données suggère un rôle potentiel pour l’Actemra dans le traitement de certains patients atteints de Covid-19 », insiste le laboratoire.
D’autres essais sont d’ailleurs plus encourageants. En particulier, l’étude de Roche intitulé Empacta, dont les résultats ont récemment été publiés dans le NEJM, a bien montré une capacité de l’immunomodulateur à réduire la proportion de participants décédés ou requérant une ventilation mécanique à j 28.
En fait, comme l’expliquait l’infectiologue Xavier Lescure lors d’une conférence de presse organisée au début du mois par l’ANRS, plusieurs critères doivent sans doute être réunis pour que le tocilizumab puisse monter un intérêt thérapeutique contre le Covid-19. Notamment, l’inflammation doit être documentée, avoir atteint un stade relativement avancé – l’anticorps monoclonal pourrait ne s’avérer efficace que chez les patients proches d’un état réanimatoire – et avoir résisté à l’administration de corticoïdes. D’où l’échec apparent de divers essais cliniques, menés auprès de sujets ne réunissant pas toutes ces caractéristiques, et la nécessité de préciser les effets du tocilizumab dans des populations de malades plus ciblées.
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