Les troubles mnésiques sont communément considérés comme le symptôme précoce le plus évocateur d’Alzheimer et la mémoire est systématiquement évaluée chez les personnes chez lesquelles cette pathologie est suspectée. Pourtant « l’amnésie ne serait pas un marqueur systématique de maladie d’Alzheimer », indique l’Inserm à l’occasion de la publication d’une étude menée par le laboratoire « Lille Neuroscience et Cognition » (Inserm/CHU de Lille/Université de Lille).
Paru dans la revue Neurobiology of Aging, ce travail questionne la valeur diagnostique de l’amnésie dans la maladie d’Alzheimer en s’appuyant sur un examen neuropathologique réalisé post-mortem chez plusieurs patients. Les résultats suggèrent que les performances mnésiques sont peu précises pour prédire la maladie d’Alzheimer.
Pas de troubles mnésiques initiaux dans presque un cas sur trois
Pour arriver à cette conclusion les auteurs ont inclus quatre-vingt-onze patients atteints de diverses maladies neurodégénératives (maladie d’Alzheimer, mais aussi dégénérescence fronto-temporale, maladie à corps de Lewy, Creutzfeldt-Jakob, lésions cérébro-vasculaires progressives). Ces derniers ont tous bénéficié d’une évaluation de la mémoire verbale (libre et indicée) au début du déclin cognitif et ont été suivis jusqu'à leur décès. Les résultats des tests initiaux (patient sévèrement, modérément ou non amnésique) ont été comparés aux données de l’autopsie cérébrale réalisée au décès du patient.
Seule une correspondance modérée a pu être mise en évidence entre la sévérité de l’amnésie et la présence d’une maladie d’Alzheimer confirmée par le diagnostic neuropathologique. En effet, environ un tiers des patients Alzheimer n’avait pas de troubles mnésiques initiaux, et inversement presque une amnésie sur deux (45 %) était observée chez des patients souffrant d’une autre pathologie. La présence d’une amnésie apparaissait comme faiblement prédictive de la pathologie Alzheimer.
Repenser le diagnostic
Ainsi, « les évaluations de la mémoire libres et indicées sont des outils justes pour diagnostiquer un syndrome amnésique mais manquent de précision pour prédire la maladie d’Alzheimer », concluent les auteurs.
« Nos résultats confirment que le diagnostic fondé sur l’amnésie comme marqueur systématique de la maladie d’Alzheimer a une pertinence limitée, appuie Maxime Bertoux, chargé de Recherche Inserm et premier auteur de l’étude. Ils invitent à repenser la manière dont cette maladie est diagnostiquée afin de réduire l’errance diagnostique et la mauvaise orientation de certains patients et d’améliorer la reconnaissance clinique et sociétale des autres maladies neurodégénératives. »
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