La pose de cathéters intraveineux périphériques est un facteur majeur d’infections nosocomiales, parmi d’autres complications (phlébite, infiltration). Ainsi, un usage inapproprié * de ces perfusions, estimé entre 14 et 49 %, apporte plus de risques que de bénéfices pour les patients hors soins intensifs. Bien que l’incidence d’infections causées par les cathéters périphériques soit faible comparée aux autres types de cathéters, leur usage particulièrement répandu induit un nombre absolu d’évènements similaire à celui observé avec des cathéters veineux centraux.
Contre ce risque, les hôpitaux peuvent mettre en œuvre des stratégies visant à réduire le mésusage. Mais l’implémentation de nouveaux protocoles au cours du suivi des patients peut être coûteuse (temps, argent, ressources etc.). Aussi est-il nécessaire de s’assurer que de tels investissements aient un impact durable à long terme pour les généraliser à large échelle. C’est ce qu’a fait une étude hollandaise, publiée dans le Lancet et Clinical Medicine, dressant un bilan à cinq ans d’une stratégie de désimplémentation.
En 2017, les chercheurs avaient étudié l’intérêt d’une approche multidimensionnelle pour réduire le mésusage des cathéters dans sept hôpitaux, dans des services de médecine interne, gastroentérologie, gériatrie, oncologie, pneumologie et urgences non chirurgicales (RICAT-1, publiée dans le Lancet Infectious Diseases). Celle-ci avait abouti à une réduction significative du mésusage, passant de 22 % à 14 %.
La motivation des équipes, clef du maintien de la stratégie
Entre 2022 et 2023, les chercheurs ont observé les retombées à long terme de leurs efforts dans l’étude post-hoc RICAT-2. Ils constatent un maintien de la réduction du mésusage à 13,8 %. Les hôpitaux avaient conservé tout ou partie des éléments de la stratégie multidimensionnelle mais ce facteur n’a pas joué sur la conservation des bonnes pratiques : même un petit investissement temporaire a suffi à obtenir des effets positifs durables.
Une étude qualitative, consistant en un questionnaire auprès du personnel soignant, a mis en évidence des barrières et des facilitateurs à la pérennisation des usages. Le facilitateur principal : une motivation intrinsèque de réduire les infections causées par les cathéters et de diminuer le temps d’hospitalisation des patients. Les barrières rencontrées sont similaires à nombre de projets : manque de temps, de personnel, autres priorités (notamment la pandémie de Covid-19, intervenue au cours des cinq ans post-implémentation) et absence d’un référent clinique.
Les chercheurs encouragent les professionnels de santé à adopter cette stratégie de désimplémentation, sans négliger le contexte local des hôpitaux pour une adaptation plus fine de la méthode. Ils suggèrent de mesurer régulièrement le mésusage dans les départements pour mettre en place les ajustements nécessaires à l’amélioration des pratiques.
* On entendra par usage inapproprié une pose du cathéter ne rentrant pas dans les indications suivantes : délivrance de fluides intraveineux et médicaments au moins une fois toutes les 24 heures ; injection de produit de contraste ; accès intraveineux pour dysrythmie cardiaque ; transfusion de produits sanguins.
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