Un traitement antirétroviral dans l'infection VIH permet une récupération du système immunitaire, mais souvent incomplète. Selon des travaux réalisés par des chercheurs sud-africains (Institut de recherche médical Africa, à Durban) et américains (MIT et Harvard), la mise sous traitement précoce permet d'éviter cette perte d'efficacité.
C'est un argument supplémentaire en faveur du dépistage et de la mise sous traitement dès le diagnostic de la maladie, comme le préconisent les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé.
Une virémie élevée et prolongée est non seulement associée à une perte importante de lymphocyte T CD4+ mais aussi à un épuisement des lymphocytes T CD8+, faute de CD4+ mémoire.
Lors de la primo-infection, les lymphocytes T CD8 + produisent une réponse dirigée contre les CD4+ infectés par le VIH, ce qui permet de contenir l'infection après le pic de virémie mais déstabilise aussi le système immunitaire sur le long terme. Des études ont montré que l'intensité de cette réponse est corrélée à la charge virale lors de la phase aiguë.
Dans « Science Translational Medicine », le Dr Zaza Ndhlovu, de l'institut de recherche médical Africa et ses collègues démontrent ici que la mise sous traitement précoce est associée à une réponse cytotoxique CD8 + plus faible et à une meilleure préservation des lymphocytes T CD4 +.
La mise sous traitement avant le stade Fiebieg III
Ils ont recruté 46 patients infectés par le VIH : 26 diagnostiqués avant le pic de virémie et mis sous traitement moins de 48 heures après le diagnostic ; 8 diagnostiqués peu après le pic de virémie et traités moins de 48 heures après le diagnostic; et 12 participants dont le traitement a été retardé jusqu'à ce que leur décompte de CD4 passe sous la barre des 350 cellules/μL, selon les recommandations à l'époque.
La mise sous traitement avant le pic de virémie (groupe 1) est associée à une plus grande prolifération des lymphocytes T CD4 + spécialisés dans la réponse à VIH, et notamment des CD4+ mémoire, comparé à une mise sous traitement plus tardive (groupe 2 ou 3).
Une analyse du transcriptome des CD8 + des patients traités précocement révèle une sous-expression des gènes impliqués dans l'apoptose et une sur-activation des gènes de résistance à la mort cellulaire (BCL-2, AXL et SRC). Moins activés, les CD8 + cytotoxiques ont préservé le pool de CD4 + spécialisés dans la reconnaissance du VIH.
Zara M. Ndhlovu et al, Science Translational Medicine, DOI:10.1126/scitranslmed.aau0528, 22 mai 2019
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