Non A, non B, Non C, non D, non E… Le 15 avril, l’OMS faisait état d’une « augmentation significative et inattendue des cas d'hépatite aiguë sévère d'étiologie inconnue » observée chez les jeunes enfants aux Royaume-Uni.
Quatre jours plus tard, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) revient sur le sujet. Suite à l'alerte britannique, « des cas supplémentaires ont été signalés chez des enfants au Danemark, en Irlande, aux Pays-Bas et en Espagne » indique l’institution européenne, sans toutefois livrer de chiffres exacts. De plus, « neuf cas ont été signalés dans l'État de l'Alabama aux États-Unis », tandis qu’au Royaume-Uni, le dernier bilan faisait état de 74 observations.
Deux cas suspects en France
En France, les données des systèmes de surveillance syndromique ont été analysées. « À ce stade, aucun excès de cas d’hépatite aiguë n’a été identifié sur le territoire national », rassure Santé publique France (SPF). Deux cas d’hépatite aiguë d’étiologie encore indéterminée ont bien été signalés par le CHU de Lyon chez des enfants de moins de 10 ans et sont en cours d’investigation. Mais « les cas d’hépatite aiguë d’étiologie indéterminée chez l’enfant ne sont pas rares, rappelle SPF. La survenue de ces 2 cas n’est donc pas inattendue ». Et compte tenu de la recherche active de cas lancée par les autorités sanitaires, « d’autres signalements sont probablement à attendre dans les prochains jours ».
Ictère et transaminases fortement élevées
Parmi les cas confirmés en Europe, la plupart concernaient des enfants âgés de 2 à 5 ans, mais certains ont été décrits jusqu’à 16 ans. Le tableau clinique consistait en une hépatite aiguë sévère, avec une augmentation importante des enzymes hépatiques (ASAT/ALAT à des taux supérieurs à 500 UI/L) fréquemment associée à un ictère, éventuellement précédé par des symptômes gastro-intestinaux (douleurs abdominales, diarrhée, vomissements au cours des semaines précédentes). Les jeunes patients étaient le plus souvent apyrétiques.
Au 11 avril, aucun décès n’avait été déploré, mais certains cas britanniques ont nécessité une transplantation hépatique.
Le SARS-CoV-2 et/ou l'adénovirus détectés à plusieurs reprises
À l'heure actuelle, la cause de ces hépatites pédiatriques reste inconnue, indique l’ECDC. « Des investigations toxicologiques sont en cours mais une étiologie infectieuse est considérée comme plus probable compte tenu du tableau épidémiologique et des caractéristiques cliniques des cas ». À chaque fois, la recherche des virus classiques d’hépatites (A, B, C, D et E) s’est avérée négative. En revanche le SARS-CoV-2 et/ou l'adénovirus ont été détectés à plusieurs reprises, suggérant un rôle éventuel de ces virus mais cela n’a pas été confirmé pour le moment. Bien que les adénovirus soient généralement bénins, l'hépatite est « une complication rare connue du virus », rappelait récemment l’Agence britannique de sécurité sanitaire.
Les informations détaillées recueillies par le biais d'un questionnaire sur la nourriture, les boissons et les habitudes personnelles des patients concernés « n'ont permis d'identifier aucune exposition commune », précise l’ECDC. Par ailleurs, « il n'y a pas de lien avec le vaccin anti-Covid, estime l’Agence britannique de sécurité sanitaire, aucun des cas confirmés (recensés) au Royaume-Uni n'ayant été vaccinés ».
Dans ce contexte, les cliniciens sont encouragés par l’ECDC « à signaler aux instituts nationaux de santé publique tout cas d'hépatite aiguë survenant chez des enfants jusqu'à l'âge de 16 ans avec un taux de transaminase sérique > 500 UI/L et pour laquelle une hépatite A à E a été exclue ».
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