Témoignages soignants

Le désarroi des soignants et médecins à l'hôpital face à la réticence des patients non vaccinés

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Publié le 18/11/2021

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Soigner sans juger les patients qui sont atteints de la Covid et ont refusé de se faire vacciner, telle est la devise des professionnels de santé à l'hôpital, relate le journal Libération. « On a le sentiment que nos connaissances scientifiques n'ont pas de valeur, qu'il est impossible de les ramener à la raison malgré tout ce qu'on peut dire », explique Catherine Delage, généraliste à Bergerac qui a arrêté de chercher à convaincre sa patientèle réticente au vaccin. Pour autant, les soignants ressentent parfois une certaine rancœur à l'égard de certains patients : « Je ne peux pas m'empêcher d'être parfois en colère. Je déteste ça, je ne le montre pas, mais ça m'arrive. On fait parfois face à des gens qui ne pensent qu'à eux, qui nous crachent au visage et à celui des autres patients. On en perd notre empathie. C'est douloureux car l'empathie c'est moteur et le cœur de notre métier », s'inquiète Julie Oudet, urgentiste au CHU de Toulouse. Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive à l'hôpital Avicenne de Bobigny, va dans le même sens : « Beaucoup me disent durant leur hospitalisation : "J'ai fait une belle bêtise en refusant de me vacciner". Quand ils nous voient, ils comprennent qu'on fait notre travail et qu'on leur apporte une information honnête » La situation est bien plus dramatique encore aux Antilles où deux tiers de la population de Guadeloupe et de Martinique ne sont pas vaccinés. Selon Tania Foucan, médecin et vice-présidente de la CME du CHU de Guadeloupe, « le climat est particulier ici. On évite certains sujets. On a arrêté de demander aux patients s'ils étaient vaccinés car ça les mettait mal à l'aise. Ils le prenaient comme une accusation, ce qui est problématique si on veut garder une relation de confiance. » Ce que confirme André Cabié, chef du service d'infectiologie et directeur médical de crise au CHU de Martinique : « Ce qui ressort de leur réticence, c'est avant tout la peur, ainsi qu'un manque de confiance, tant envers la parole publique qu'envers celle des médecins. »