Seules les fécondités de la France et de l’Allemagne paraissent insensibles à la crise. La France ayant pour spécificité une fécondité à la fois stable et élevée au cours de cette période, alors que la fécondité allemande, bien qu’en légère progression depuis 2011, est restée basse. La France semble faire figure d’exception, ce qui devrait faire taire les pessimistes patentés qui sont légion.
Selon l’Insee, à la suite de la crise économique débutée en 2008, la fécondité recule dans la plupart des pays européens. La France est, en effet, le seul pays d’Europe à avoir une fécondité stable et élevée depuis 2006. Elle est aussi en 2013 le pays européen où la fécondité est la plus élevée. La fécondité des pays plus durement frappés par la crise, l’Espagne, la Grèce et le Portugal, a baissé pour leur part. Pour les autres pays européens, la tendance à la hausse de la fécondité observée avant la crise ne s’est pas poursuivie.
Chômage fort, fécondité basse
Si la baisse du revenu a pu jouer un rôle dans l’évolution de la fécondité, c’est surtout la hausse du chômage qui semble l’influencer. Cet effet reste cependant modeste : un impact n’est perceptible qu’en cas de forte dégradation du marché du travail. Les politiques familiales, malgré leur importance pour expliquer les différences de niveau de fécondité entre pays, ne semblent guère avoir amorti les effets de la crise sur la fécondité.
La France aime les BB
L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est stable en France depuis 2006 : il se situe à deux enfants par femme et n’a pas baissé suite à la crise économique commencée en 2008, contrairement à ce qui est observé dans plusieurs pays européens. La France est ainsi devenue le pays européen où la fécondité est la plus élevée. L’ICF espagnol est ainsi passé de 1,45 enfant par femme en 2008 à 1,27 en 2013, celui du Portugal a diminué de 1,39 à 1,21 entre 2010 et 2013 et celui de la Grèce a baissé encore plus fortement, passant de 1,51 enfant par femme en 2010 à 1,29 en 2013.
Avoir des bébés plus tard
D’autres pays ont connu des baisses de fécondité moins importantes. C’est le cas de l’Irlande et de l’Italie après avoir connu de fortes hausses entre 2005 et 2008. La fécondité au Royaume-Uni a cessé de progresser à partir de 2008 avant de chuter en 2013. Les Suédoises, quant à elles, étaient de plus en plus fécondes jusqu’en 2011, année qui a vu l’ICF suédois baisser de 0,08 point. Par ailleurs, l’âge à la première maternité augmente plus rapidement qu’auparavant dans les pays du sud de l’Europe et au Royaume-Uni après 2008. Depuis le début des années quatre-vingt, l’âge à la maternité augmente dans tous les pays industrialisés. Cette hausse est liée à la généralisation des études supérieures, au désir de plus en plus important de vivre un certain temps à deux et d’avoir une situation stable avant d’avoir un enfant. La crise économique peut l’accentuer, en particulier pour les premières naissances. En effet, les jeunes sont souvent les plus durement touchés, ce qui peut les conduire à repousser le mariage ou la mise en couple et donc les naissances. La crise, nous dit le rapport, a moins d’impact sur les naissances suivantes, qui respectent généralement un espacement en partie programmé.
Le PACS aide à la natalité
Dans les pays où les modes de formation de la famille alternatifs au mariage (Pacs, union libre) sont très répandus, comme en France et en Europe du Nord, il est plus facile de quitter sa famille d’origine et de fonder un nouveau ménage que dans les pays où la parentalité est davantage liée au mariage, comme en Europe du Sud. Dans les pays du sud de l’Europe, les jeunes adultes ont tendance à prolonger le temps passé avec leurs parents et à repousser leur projet de mise en couple et donc de conception. Traditionnellement dans ces pays, le départ du foyer coïncide avec le mariage et de plus en plus souvent avec l’installation dans un logement en propriété. Une crise économique peut compliquer les conditions nécessaires à la formation d’un nouveau foyer. Le report de la première naissance à la suite d’une crise économique est donc plus fréquent dans les pays où les naissances hors mariage sont plus rares.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation