Les enfants ne sont pas les seules victimes de noyade : les adultes aussi peuvent être concernés, et chez eux, ces accidents sont plus fréquemment mortels, notamment en cas de pathologie chronique associée. C’est ce qui se dégage du premier point épidémiologique de l’été sur la surveillance des noyades, publié par Santé publique France (SPF) le 7 juillet.
Deux tiers des noyades mortelles observées chez l’adulte
Comme rapporté par Aymeric Ung, épidémiologiste à la Direction des maladies non transmissibles et traumatismes de SPF, « en France, chaque année, (on observe) environ 1 000 décès accidentels par noyade, dont la moitié pendant les quatre mois d’été ».
En 2023, « entre le 1er et le 28 juin 2023, 233 noyades ont été enregistrées », résume SPF. Un chiffre « élevé » mais plus bas que celui – inhabituellement haut – relevé il y a deux ans sur la même période. « Sur ces quatre semaines, le nombre total de noyades est en baisse de 25 % par rapport à 2021 », indique l’agence de santé publique, qui entrevoit un retour à la normale après la crise sanitaire. « Lors de la première quinzaine de juin 2021, le contexte de levée des mesures de restriction déployées pour la gestion de l’épidémie de Covid-19 associé à des conditions climatiques favorables à la baignade a pu expliquer une partie du nombre important de noyades. »
Cependant, le nombre de décès par noyade, estimé à 84, reste, lui, stable entre 2021 et 2023. D’où une « proportion de décès en hausse entre 2021 et 2023 », cet indicateur étant passé de 26 % à 36 %, calcule Santé publique France. Autrement dit, « les noyades sont (…) moins nombreuses entre 2021 et 2023 mais elles sont plus fréquemment mortelles ».
Un constat préliminaire particulièrement net chez l’adulte. Chez les plus de 18 ans, la proportion de noyades mortelles est en effet passée « de 47 % en 2021 à 62 % en juin 2023 », indique Aymeric Ung, contre 5 % chez les moins de 6 ans. De quoi rappeler que les enfants sont loin d’être les seuls concernés.
En fait, comme l’explique le Pr Pierre Michelet, anesthésiste-réanimateur chef de service des Urgences de la Timone (Marseille) qui coordonne des recherches sur les noyades, trois tranches d’âge sont globalement touchées par les noyades mortelles, à commencer par les enfants de moins de 5 ans – qui meurent le plus souvent dans les piscines privées. Les jeunes adultes sont aussi concernés – bien que dans une moindre mesure –, en lien avec des conduites à risque comme la consommation d’alcool, des sports extrêmes, etc. Mais les principales victimes sont les plus de 50 ans.
Trois pathologies fréquemment en cause
Parmi les principales causes de noyades mortelles dans cette population comptent les maladies chroniques. « Tout patient avec une pathologie chronique susceptible de réduire ses capacités physiques est une personne à risque », souligne le Pr Michelet, car « en cas de pathologie chronique, on s’épuise plus vite dans l’eau ».
Certains malades apparaissent plus vulnérables. À l’instar de ceux atteints de pathologies cardiovasculaires, « au premier rang desquelles figure l’hypertension artérielle », souligne le Pr Michelet. Car les patients hypertendus présentent des capacités d’adaptation cardiovasculaires réduites, que la baignade met à l’épreuve : la nage requiert un effort physique significatif, encore augmenté par les conditions aquatiques, « associé à une modification de la distribution du sang avec augmentation du volume sanguin thoracique », explique le spécialiste des noyades. « Nager n’est pas comme faire un footing : rien que le fait d’être dans l’eau augmente le travail du cœur. »
Deux autres groupes d’adultes atteints de maladies chroniques se révèlent particulièrement à risque de noyades mortelles : les patients souffrant de troubles neurologiques telles que l’épilepsie, susceptibles de subir un malaise pendant la baignade, et ceux atteints d’affections de psychiatriques nécessitant des « thérapeutiques lourdes associées à des effets neurologiques » et à une réduction des capacités physiques.
Des risques exacerbés par les canicules
Et les canicules n’arrangent rien. Alors qu’en cas de températures élevées, le nombre de baignades augmente, les canicules « épuisent » encore davantage les individus, et singulièrement ceux atteints de maladies chroniques, notamment par déshydratation. D’où une augmentation du risque de noyade.
Au total, en termes de prévention, le Pr Michelet enjoint à bien évaluer ces malades chroniques, et à leur conseiller sinon d’éviter absolument toute baignade, au moins de « faire attention ». « On peut recommander de ne pas se baigner en cas de courant, de vagues importantes, de baïnes, etc. : il ne faut pas présumer de ses forces. » Par contre, même si les adultes meurent majoritairement de noyade dans la mer ou l’océan, à moins de 300 mètres de la côte, il apparaît, aux yeux du Pr Michelet, illusoire de recommander la baignade exclusivement en piscine. « Il ne faut pas être censeur », estime-t-il.
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