Le diabète joue-t-il un rôle dans le déclin des fonctions cognitives observé chez les personnes vivant avec le VIH ? C’est en tout cas ce que suggère une étude française publiée dans la revue « Neurology ».
Des troubles cognitifs légers chez 20 à 30 % des sujets séropositifs
On sait que les personnes infectées par le VIH présentent, dans 20 à 50 % des cas, des troubles neuro-cognitifs légers, même lorsque leur charge virale est bien contrôlée. Les causes de ces troubles sont encore mal connues et plusieurs éléments pourraient intervenir comme l’infection par le VIH en elle-même, le traitement antirétroviral ou encore certains facteurs de risque de démence « traditionnels » notamment vasculaire, plus fréquents chez les sujets séropositifs.
À ce titre, le diabète fait figure de suspect idéal, son rôle dans la survenue de troubles cognitifs étant déjà bien documenté chez le sujet âgé et sa prévalence chez les personnes vivant avec le VIH atteignant 5 à 10 %. L’étude de la revue « Neurology » renforce la suspicion en montrant pour la première fois qu’une relation existe entre le diabète et les troubles neuro-cognitifs chez les personnes séropositives et ce quel que soit leur âge.
Conduite par des chercheurs de l'Unité 897 (Inserm/Université de Bordeaux) et du CIC-1401 en collaboration avec le CHU de Bordeaux, avec le soutien financier de l’ANRS, cette étude s'est appuyée sur la cohorte ANRS Aquitaine qui suit près de 9 000 patients infectés par le VIH-1. 400 personnes issues de cette cohorte ont été incluses entre juin 2007 et novembre 2009 et suivies pendant deux ans. Parmi elles, 39 étaient diabétiques et 33 avaient une glycémie correspondant à un stade de pré-diabète. Des examens cliniques et biologiques, ainsi que 10 tests évaluant les performances cognitives et motrices ont été réalisés.
Les résultats montrent que les patients diabétiques étaient moins performants que les patients non diabétiques lors des tests impliquant la mémoire, les fonctions exécutives, l’attention, la vitesse psychomotrice, le langage et la dextérité manuelle. Sur les deux ans de suivi, les chercheurs ont constaté un léger déclin de la fonction exécutive et de la mémoire chez ces patients.
La différence entre diabétiques et non diabétiques persistait même après ajustement sur les autres facteurs de risque cardiovasculaire (hypertension, surpoids, hypercholesterolémie, hypertriglycéridémie).
Renforcer le dépistage du diabète et la prévention
« La recherche fondamentale doit maintenant prendre le relais pour explorer les mécanismes physiopathologiques qui sont en jeu, en particulier, pour objectiver si des lésions des microvaisseaux sanguins par l’hyperglycémie permanente sont accélérées par le virus du VIH lui-même. Les conséquences du VIH sur l’activation immunitaire, et certaines prédispositions génétiques doivent également être étudiées », commente le Pr Geneviève Chêne (Inserm/Université de Bordeaux), qui dirige l’étude.
Mais d’ores et déjà ces résultats montrent qu’une prise en charge active est nécessaire estiment les auteurs pour qui « il est crucial de renforcer le dépistage du diabète et la prévention auprès des personnes vivant avec le VIH ».
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