Une nouvelle étude américaine de grande ampleur présentée au congrès de biologie expérimentale 2017 (Chicago, 22-26 avril) montre que consommer moins de sel n’est pas associé avec une réduction de la pression artérielle. Ces travaux reposent sur les analyses des données de 2 600 hommes et femmes inclus dans la cohorte Framingham dont le suivi a duré près de 16 ans. Tous les participants avaient entre 30 et 64 ans et avaient une pression artérielle jugée dans la norme au début des travaux.
L’hypothèse de la courbe en J : un débat qui ne manque pas de sel
Paradoxalement, les résultats montrent que les personnes qui consomment le moins de sodium (moins de 2 500 mg/jr) présentent une pression artérielle plus élevée par rapport à ceux qui franchissent cette limite.
Pour le Pr Moore, de l’université de Boston, et auteur principal de l’étude, « nos nouveaux résultats confirment les autres travaux qui mettent en doute l’acuité d’une faible consommation de sodium dans la population générale ». En effet, plusieurs études de grande échelle ont mis en évidence ce que les chercheurs nomment « une courbe en J », soit qu’un régime trop pauvre en sel peut être aussi délétère qu’un régime trop riche. Deux méta-analyses datant de 2014, l’une parue dans the American Journal of hypertension et l’autre dans the New England Journal of Medicine en sont de bons exemples. Cette hypothèse a néanmoins été contestée par d’autres travaux dont deux essais cliniques de phase I et II publiée dans le JACC en 2016.
Sodium, magnésium, potassium et si tout était une question d’équilibre ?
Lors de ces recherches-ci, les scientifiques ont également remarqué que les personnes ayant des apports élevés en potassium, calcium ou encore magnésium présentent une pression artérielle plus faible sur le long terme. Plus précisément, les plus grands consommateurs à la fois de sodium (3 717 mg/jr en moyenne) et de potassium (3 211 mg/jr) avaient une pression artérielle particulièrement basse.
« Cette étude, comme d’autres, pointe l’importance du rôle du potassium notamment sur la pression artérielle et probablement sur la santé cardiovasculaire », note le Pr Moore. Pour elle, ces observations s’ajoutent aux preuves démontrant « que les recommandations actuelles sur la consommation de sodium » aux États-Unis, qui sont de limiter son usage à 2 300 mg/jr pour les personnes en bonne santé, « seraient potentiellement mal orientées ». La spécialiste remarque aussi qu’il est possible qu’il existe un groupe plus sensible à la prise de sel que la majorité de la population et qui, eux, pourrait bénéficier, d’une réduction de la consommation en sodium mais que des recherches sont nécessaires pour pouvoir les dépister et ainsi déterminer des préconisations appropriées pour cette catégorie particulière de la population.
En parallèle, en France, l’Anses prône toujours la diminution des apports en sel. Les programmes Nationaux Nutrition Santé successifs en avaient fait un objectif phare. Le PNNS 3 (2011-2015) avait fixé comme but une consommation moyenne de sel de 8 g/jr pour les hommes adultes et de 6,5 g/jr pour les femmes adultes et les enfants. D’après les données les plus récentes, cet objectif n’a pas été atteint jusqu’à présent.
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