"J'habite à moins de 50 mètres d'une vigne avec des pulvérisations plusieurs fois par semaine. Nous ressentons des maux de tête et une fatigue répétée après les épandages"... "Les allergies de notres fils se sont déclarés depuis que nous habitons cette maison"..."Après les pulvérisations, nous ressentons des problèmes respiratoires, des irritations et des démangeaisons. Mon père est décédé d'un lymphome"... "L'odeur est très désagréable et irritante"... L'ONG Générations Futures a mis en ligne jeudi une carte de France recensant environ 200 témoignages comme ceux-ci émanant d'agriculteurs ou de riverains de propriétés agricoles, qui pour beaucoup font état de problèmes de santé plus ou moins graves qu'ils imputent aux pesticides.
L'objectif de cette initiative est de "rendre visibles les victimes de pesticides et qu'ensuite, on prenne des mesures de protection vis-à-vis de ces populations", a expliqué Nadine Lauverjat. "Toutes les zones de France en culture intensive sont touchées", a-t-elle souligné. L'ONG Générations Futures, dont elle est responsable, réclame la création d'"une zone tampon minimale de 100 mètres sans pulvérisations à proximité de tous les lieux de vie", l'interdiction des pulvérisations aériennes sur tout type de culture et celle de "tous les pesticides dangereux pour la santé et l'environnement".
Parmi la vingtaine de témoignages d'exploitants et salariés agricoles figurent ceux d'agriculteurs dont la maladie a été reconnue maladie professionnelle ou est "en cours de reconnaissance", comme pour Jean-Marie Desdion, un céréalier qui a contracté un myélome. "Aujourd'hui, on obtient assez facilement une reconnaissance de maladie professionnelle ou d'accident du travail concernant les professionnels", a expliqué un avocat spécialisé dans ces dossiers, Stéphane Cottineau.
A Metz, rejet de la demande d'indemnisation de Dominique Marchal
Cette initiative intervient alors que le même jour le premier agriculteur français dont le cancer a été reconnu maladie professionnelle et qui demandait réparation à l'Etat a vu sa demande rejetée par la cour d'appel de Metz.
Dominique Marchal, 58 ans, souffre depuis 2002 d'un syndrome myéloprolifératif. Depuis le diagnostic, cet exploitant de Serres (Meurthe-et-Moselle) n'a eu de cesse de faire reconnaître le lien entre sa maladie et le benzène présent dans plusieurs pesticides et herbicides.
Après la reconnaissance de sa maladie professionnelle par l'Assurance maladie en 2006, il est allé en justice pour demander à la Commission d'indemnisation des victimes d'infraction (Civi) du tribunal d'Epinal de condamner l'Etat, via son Fonds de garantie, à l'indemniser. Condamné en première instance et en appel à Nancy, l'Etat s'était pourvu devant la Cour de cassation, qui a annulé sa condamnation en décembre 2014 et renvoyé l'affaire devant la cour d'appel de Metz.
Cette dernière a estimé jeudi que les preuves de "l'imputabilité de la maladie de M. Marchal aux effets nocifs du benzène présent dans les produits phytopharmaceutiques utilisés" n'étaient pas suffisantes et a rejeté la demande d'indemnisation.
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