« Une situation épidémiologique extrêmement préoccupante ». À l’occasion de la publication ce mardi de l’étude PREVAGAY 2015 dans le BEH, Annie Velter et al. s’inquiètent de la forte proportion de jeunes homosexuels séropositifs en France.
Ces auteurs ont analysé la prévalence du VIH et les pratiques de prévention chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes fréquentant les lieux de convivialité gay de cinq villes françaises (Lille, Lyon, Montpellier, Nice et Paris). Au total 2 600 HSH ont participé à l'étude reposant sur un questionnaire comportemental et un prélèvement de sang anonyme.
Dans cette population, « la prévalence pour le VIH est globalement, élevée » indiquent les auteurs, avec près d’un HSH sur 7 (14,3 %) séropositif. La prévalence du VIH est significativement plus élevée à Nice (17,1 %), Montpellier (16,9 %) et Paris (16 %) qu'à Lyon (11,4 %) et Lille (7,6 %). Soit des prévalences proches de celles de Brighton (17,6 %) ou de Lisbonne (17,1 %).
En revanche, "la part des séropositifs parmi les HSH âgés de moins de 30 ans atteint 6 %, soit un niveau plus élevé que dans les autres villes européennes. Ceci rend compte de la situation épidémiologique extrêmement préoccupante chez les jeunes HSH en France, pour lesquels a été observée, depuis 10 ans, une augmentation conséquente des nouveaux diagnostics pour le VIH".
Une prévention inadaptée ?
Cela témoigne aussi « d'un problème d'adhésion des plus jeunes à nos politiques de prévention», s'inquiète François Dabis, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), dans l'éditorial du BEH.
« Aujourd’hui, les modes de socialisation des HSH sont en mutation, avec une certaine mise à distance des lieux traditionnels de rencontres alors que les applications de rencontres géolocalisées sont particulièrement appréciées, plus particulièrement par les jeunes HSH (82 % des HSH de moins de 25 ans de l’étude Prevagay y ont recours contre 54 % pour leurs aînés)», commentent les auteurs de l’étude. Ainsi, « si les actions de prévention dans les établissements de convivialité doivent être maintenues, il est important de mettre en œuvre d’autres actions préventives qui prennent en compte ces évolutions et touchent en priorité les jeunes HSH ».
L'étude montre par ailleurs des conduites à risques "assez fréquentes", avec près du tiers ayant eu au moins une relation non protégée (près des deux tiers chez les séropositifs) et une consommation fréquente d'une grande quantité d'alcool ou de substances psychoactives.
Chiffre "plus rassurant" en revanche, parmi les participants à l'étude porteurs du VIH, 91,9 % avaient déjà été diagnostiqués auparavant, dont 94,9 % suivaient un traitement, précise l'étude. Or une bonne prise en charge "est décisive pour un contrôle marqué et durable de l'épidémie dans cette population-clé", souligne François Dabis.
Tous ces résultats doivent cependant être relativisés « car ils concernent une population spécifique de HSH », avertissent les auteurs. En effet, tous les gays et HSH ne fréquentent pas les établissements de convivialité. En France, dans l’étude EPGL2011, 78 % des HSH actifs sexuellement indiquaient avoir fréquenté au moins une fois un bar, un sauna ou un backroom. Par ailleurs, « les HSH fréquentant les établissements de convivialité et acceptant de participer à ce type d’enquêtes sont ceux qui portent un intérêt aux questions de prévention et, de ce fait, sont probablement plus susceptibles que ceux n’y participant pas de connaître leur statut sérologique ».
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