Ça bouge en télémédecine ! Plus de 3 500 patients ont été intégrés dans les expérimentations de télésurveillance ETAPES (expérimentations de télémédecine pour l'amélioration des parcours en santé) qui ont débuté en mars 2018, a annoncé la direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère), à l'occasion du dernier congrès e-santé CATEL.
Le programme ETAPES vise à trouver un ou des modèles financiers et organisationnels pour permettre aux médecins d'interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d'un patient. Les cahiers des charges (rôle du médecin, de l'éducateur thérapeutique et du fournisseur de solution) sont précis, de même que le champ d'action de l'expérimentation, réduit à cinq pathologies : les insuffisances cardiaque, rénale et respiratoire chroniques, le diabète (type 1 et 2) et les prothèses cardiaques implantables (arythmie). ETAPES va se poursuivre pendant quatre ans avant éventuelle généralisation.
À ce stade, 3 000 patients sont télésurveillés pour leur arythmie, 300 pour leur insuffisance cardiaque chronique et un peu plus de 200 pour leur insuffisance rénale, respiratoire et pour leur diabète.
L'adhésion au dispositif va monter en charge. Trois cahiers des charges vont être modifiés dans le but de desserrer les critères d'inclusions, jugés trop restreints ou inadaptés. « Pour l'insuffisance respiratoire, la fréquence du questionnaire que doit remplir le patient va diminuer, annonce le Dr Yann-Maël Le Douarin, conseiller médical télémédecine au ministère de la Santé. Pour l'insuffisance rénale, le critère d'exclusion de patients greffés rénaux et insuffisants rénaux de stade 4 va être supprimé. Enfin, pour le diabète, on a levé la clause des six mois obligatoire avant l'inclusion dans la télésurveillance et autorisé les adolescents de 12 à 18 ans à intégrer le dispositif ».
Gain de temps médical
Les premiers retours d'expérience sont bons.
Au CHU de Lille, le Dr Laurence Guedon, cardiologue, suit des patients en ALD porteurs de prothèses équipées d'une antenne qui transmet des données tous les jours à un boîtier (branché au domicile). Ces données sont envoyées sur un serveur sécurisé et accessible à l'équipe médicale. « Cela a considérablement changé notre organisation des soins, assure le Dr Guedon. Nous ne voyons plus de patients arrivés aux urgences en catastrophe au dernier moment. On a plus de temps médical pour d'autres patients ».
Au CHU de Nancy, le service de néphrologie du Pr Luc Frimat, convaincu par un premier essai randomisé en 2015, va sauter le pas fin 2018 pour des patients atteints d'insuffisance rénale chronique et transplantés, qui seront équipés d'une tablette pour renseigner différentes données de santé. « La transplantation rénale nécessite un suivi longitudinal. Avec la télésurveillance, la communication avec l'équipe médicale est renforcée, souligne le Pr Frimat. Il bénéficie d'un suivi clinique et biologique optimisé. On attend une meilleure efficience. » Par ailleurs, des infirmiers en pratique avancée seront formés pour cette filière.
Si les premières aventures sont encourageantes, la télésurveillance est perfectible. À ce titre, le Dr Guedon juge qu'un élargissement du dispositif aux patients hors ALD ou porteurs d'autres systèmes connectés serait pertinent. La cardiologue déplore aussi des soucis de facturation. « On s'y est mis il y a sept mois. C'était compliqué pour des questions d'adaptation à notre logiciel et parce que notre caisse locale n'était même pas au courant de la procédure », conclut-elle.
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