L'intelligence artificielle percute la santé, l'expertise demeure

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Publié le 09/10/2017
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L'urologue Guy Vallancien, président de CHAM et agitateur d'idées

L'urologue Guy Vallancien, président de CHAM et agitateur d'idées
Crédit photo : Eric Courcier

La montée en puissance de l'intelligence artificielle (IA) dans le secteur de la santé interroge les médecins sur leur liberté de décision et leur périmètre d'action.

Les soignants et les prescripteurs auront-ils les mêmes prérogatives dans 20 ans ? À l’instar du monde de la finance et de la justice, les machines et les robots investissent la santé, quitte à reléguer au second plan les prouesses techniques de l'homme qui les manipulent – et notamment des chirurgiens. 

En cancérologie, IBM obtient déjà des taux de concordance avec les recommandations des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) de 75 à 96 %. « On est en compétition avec une machine qui travaille 24 heures sur 24, qui n'est jamais crevée, ni dépressive, ni bourrée. Elle fera donc toujours mieux sur des gestes programmés sur des pathologies simples », lance le Pr Vallancien. Ce n'est pas une raison pour refuser le progrès, estime-t-il.

Le Dr Philippe Denormandie, neuro-orthopédiste à l'AP-HP et directeur des relations santé de la MNH Group, juge que l'intelligence artificielle est une « opportunité » pour le médecin de « construire une décision médicale et de donner des propositions de solutions multiples ». « Les facteurs sociologiques, écologiques et relationnels, eux, sont trop complexes pour l'IA »

Pour beaucoup, l'expertise médicale ne sera pas fondamentalement remise en cause. Francesco Mondada est professeur en robotique à l'école polytechnique de Lausanne. Selon lui, le médecin de 2017 a encore de beaux jours devant lui… À l'entendre, les robots risquent de manquer d'intelligence faute du bon sens (que l'IA est incapable de reproduire). « On ne sait pas ce qui est simple ou compliqué du point de vue de l'intelligence artificielle, développe-t-il. Un robot à un demi-million d'euros peut battre un champion de ping-pong sans problème. Une balle dans l'espace, trois capteurs, une trajectoire, un peu de physique et le tour est joué. En revanche, il lui faudra 20 minutes pour plier un linge rectangulaire ! Tout ce qui relève d'une matière molle, du non défini et de la dextérité sera extrêmement compliqué à gérer pour lui. »

 

 


Source : Le Quotidien du médecin: 9608