Objets connectés dans la pratique médicale : une place en devenir

Publié le 10/05/2016

Une large majorité de médecins juge les objets connectés « utiles » à leur pratique médicale quotidienne : en tout cas, ceux qui les utilisent ! Une enquête des Échos Études et du Vidal auprès de 641 praticiens montre, en effet, que 74 % des généralistes (MG) et 91 % des spécialistes partagent cet avis tandis que seuls 11 % et 2 % (respectivement) les considèrent comment totalement « inutiles ».
 

Les plus de 55 ans plus branchés

Toutefois, le recours à ces nouveaux outils n’est pas encore généralisé dans la profession. Seuls 9 % des MG déclarent utiliser en consultation des instruments médicaux connectés tels le stéthoscope, le tensiomètre, la balance, un glucomètre… Et, parmi eux, les hommes (11 %) ont plus d’appétence pour ces objets high-tech que les femmes (6 %). Plus surprenant, les plus de 55 ans se montrent les plus « geeks » (11 % d’entre eux) alors que seuls 6 % des moins de 40 ans en sont férus. S’agissant de la fréquence des consultations, 17 % des généralistes se montrent particulièrement actifs avec plus de 35 connexions journalières, 10 % utilisent ces objets connectés de 25 à 29 fois journalières tandis que 9 % se connectent 20 à 24 fois en vingt-quatre heures. Quant aux spécialistes, ils sont proportionnellement plus nombreux (16 % d’entre eux) à avoir intégré la santé connectée dans leur pratique quotidienne. Ainsi, 49 % des endocrinologues y ont recours, ne serait-ce que pour prendre la glycémie de leurs patients. Viennent ensuite 16 % des cardiologues interrogés à être connectés, suivis des pneumologues (12 %).
 

Des services et dispositifs digitaux plébiscités

En étudiant plus finement les services et les dispositifs digitaux qui entrent ou pourraient entrer dans la pratique quotidienne des médecins, il ressort de l’étude que 41 % des médecins généralistes recommandent ou recommanderont à l’avenir à leurs patients des applications mobiles de santé (liées à une pathologie). En outre, ils sont ou seraient 35 % à conseiller à leurs patients l’utilisation d’objets médicaux connectés à Internet et 33 % à les utiliser (ou prévoir d’y avoir recours) en consultation. Près d’un tiers des praticiens interrogés sont prêts (ou le seraient) à recommander des applications mobiles de bien-être à leurs patients, à échanger avec eux des informations par e-mail et, enfin, à être membres d’une communauté de médecins.
 

Un secteur en devenir

En choisissant une approche par l’usage, le contexte et l’intégration des objets connectés dans le parcours de santé du patient, la plupart des objets connectés se positionnent, pour l’heure, dans la prévention primaire et dans la gestion des patients à risque. Des outils davantage plébiscités par les patients que par leurs médecins d’ailleurs. En revanche, les dispositifs médicaux comme les stéthoscopes, les balances ou autres tests biologiques interviennent lors du diagnostic. À quelques exceptions près (diabétiques de type 1, notamment), ils seront donc utilisés essentiellement par les médecins.
La place de ces objets est appelée à grandir dans les années à venir, voire à transformer la pratique médicale. C’est pourquoi le Dr Jacques Lucas, vice-président du CNOM (Conseil national de l’Ordre des médecins) et délégué général aux systèmes d’information en santé, conseille-t-il aux médecins d’intégrer le numérique dans la pratique professionnelle pour éviter d’être débordés, voire emportés par ce « tsunami numérique ».
 
Christine Colmont
 


Source : lequotidiendumedecin.fr