Une « grande avancée technologique » : c'est en ces termes qu'a été présenté le télé AVC, lors des dernières Journées francophones de la radiologie (JFR), à Paris.
Des expérimentations de télé AVC se sont déployées progressivement sur le territoire, permettant une prise en charge plus rapide et adaptée du patient en cas d'urgences neurologiques. Dans son dernier rapport sur la télémédecine, la Cour des comptes avait pointé des initiatives régionales « multiples » mais « hétérogènes et imparfaitement suivies ». Néanmoins, dans les régions concernées, la téléradiologie représente « quelques milliers, voire des dizaines de milliers d'actes », grâce à un cahier des charges spécifique.
Hausse du nombre de dossiers traités
En Nouvelle-Aquitaine, le taux de mortalité hospitalière après AVC varie de 9,6 % en Gironde à 14,6 % en Corrèze. « L'éloignement des structures de soins impacte directement la prise en charge. Le télé AVC peut permettre une amélioration », explique le Dr Jérôme Berge, radiologue au CHU de Bordeaux. Dans cette région, chaque service d'urgences dispose d'outils de télémédecine les reliant aux structures bénéficiant d'une unité neurovasculaire (UNV) externe disponible 24H/24. Une fois contacté, le neurologue réalise l'examen en direct, une télé-expertise, par visioconférence avec l'urgentiste ou l'infirmier. Il dispose du transfert des images pour une approche globale du patient. « Pour les petits hôpitaux, le nombre de dossiers analysés est croissant », poursuit-il (378 ont été traités depuis 2014).
Dans l'Hainaut-Artois, le télé AVC, implanté depuis 2010, s'articule autour d'une mutualisation des ressources humaines neurologiques et radiologiques de six établissements en plus du CHRU de Lille. Il permet à chacun des services d'urgences de solliciter sans perte de temps des avis d'expert et de se préparer à une éventuelle thrombolyse ou thrombectomie. Le système est monté en puissance ces deux dernières années. En 2016, plus de 1 500 actes de télémédecine (et 731 thrombolyses) ont été réalisés. Après sept années d'expérience, le Dr François Mounier-Vehier, neurologue au CH de Lens, estime que le dispositif a également permis le développement des compétences des professionnels de santé.
Examen insuffisant et turn over
Malgré ces résultats prometteurs, des pistes d'amélioration existent. Une thèse de médecin neurologue – dont les conclusions ont été présentées lors de la session des JFR – a analysé 94 dossiers/patient d'AVC au sein des sept UNV locales d'Aquitaine. « 50 patients sur 94 auraient dû bénéficier d'une thrombectomie, seuls 25 y ont eu accès », poursuit le Dr Berge. « Plusieurs patients ont pâti du manque de transports disponibles, d'un défaut de connaissances ou de mise à niveau du neurologue mais il y a aussi des causes radiologiques, certains n'ont pas bénéficié d'imagerie des vaisseaux, etc. ». Il y a donc eu des défauts de diagnostic liés à l'analyse de l'imagerie.
Le Dr Mounier-Vehier évoque lui aussi quelques points de fragilité dans le dispositif de télé AVC des Hauts-de-France. « Les équipes médicales et paramédiales ont tendance à se laisser entraîner dans la routine avec des temps de prise en charge qui s'allongent. Les urgentistes et infirmières changent, maintenir un bon niveau d'efficience c'est compliqué, la garde radiologique reste fragile ».
Interrogé sur la responsabilité des praticiens en cas de contentieux, le Dr Sébastien Richard, neurologue au CHU de Nancy, a relaté pour sa part le cas d'une infirmière non formée ayant « passé de la métalyse à la place de l'actilyse » à un patient. La responsabilité est alors partagée avec l'expert. Un incident imputable au turn-over important aux services d'urgences...
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