L'UMESPE, branche spécialiste de la CSMF, a dévoilé ce mercredi ses propositions pour préserver l'avenir de la médecine spécialisée libérale dans la prochaine convention médicale.
Les négociations avec l'assurance-maladie reprennent le 16 mars prochain et aborderont spécifiquement les problématiques de la médecine spécialisée les 23 et 31 mars.
Le Dr Patrick Gasser, président de l'UMESPE, a fortement mis l'accent sur le numérique et l'innovation, véritables enjeux d'avenir. « 20 % des consultations au États-Unis et au Canada sont des consultations numériques, a-t-il précisé. En France nous avons du retard, et nous devons nous donner les moyens de nous adapter. »
Pour les spécialistes de l'UMESPE, ces nouveaux moyens de communication (télémédecine, téléconseil, avis en ligne) doivent trouver une place dans la convention, pour permettre une meilleure prise en charge ambulatoire, « à l'heure où l'innovation ne semble être réservée qu'à l'hôpital public ».
« J'appelle même les médecins à se lancer dans la télémédecine sans attendre l'avis de l'UNCAM et des ARS, qui veulent encore expérimenter, alors que de tels actes existent déjà ! », assume le Dr Gasser.
Refus d'une ubérisation de la médecine
De même, il souhaite que les sites marchands de conseils soient investis par les médecins spécialistes, « avant que les sites américains ne prennent le créneau ». Car seuls les professionnels peuvent garantir des sites de qualité.
Le Dr Patrick Gasser va même plus loin et propose par exemple de développer des partenariats avec les ingénieurs, capables de lire des algorithmes. Il se dit également en faveur d'actes reconnus par la nomenclature, qui pourraient être remboursés. « Cela correspond à une demande de la population, qui se connecte déjà sur ce genre de sites (mondocteur, deuxième avis…) », se défend le président de l'UMESPE, pour qui 80 % des consultations pourraient se faire sans examen clinique.
Le Dr Gasser se dit cependant contre « une ubérisation de la médecine ». « Les sites de prise de rendez-vous en ligne vont se développer, et la prochaine étape, si on ne fait rien, sera comme avec Uber : on réserve en ligne et une fois la consultation passée, le médecin clique sur un bouton, et le patient est débité », projette-t-il. Le président du syndicat de spécialistes plaide donc pour un cadre juridique mis en place par l'Ordre, qui a déjà pris position sur le sujet.
« Si on veut amener une expertise médicale, il faut que la convention investisse dans le numérique. Sinon on continuera à mettre des sommes folles dans un système de soins qui bat des ailes », conclut le Dr Gasser.
L'UMESPE réclame par ailleurs une nouvelle hiérarchisation des consultations revalorisées (en trois niveaux) et des mesures de protection sociale renforcées pour favoriser l'installation des jeunes médecins en libéral (plus de détails dans notre édition de jeudi).
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