DANS DE NOMBREUX pays du monde, les parents préfèrent mettre au monde des garçons que des filles, tant pour des motifs de « prestige » que pour des raisons économiques et sociales. Depuis les années 1980, la mise au point de différents tests prénataux, de plus en plus fiables et de moins en moins onéreux, a conduit un nombre toujours croisant de parents à avorter leurs fœtus féminins, dans l’espoir d’avoir plutôt un garçon lors d’une nouvelle grossesse. La Chine, l’Inde et la Corée du Nord sont les pays les plus touchés par ce gynécide : alors que le sex-ratio naturel à la naissance est de 105 ou 106 garçons pour 100 filles, il atteint 113 pour 100 en Chine. Résultat, il « manque » actuellement 32 millions de filles de moins de 20 ans par rapport au nombre de garçons. En 2013, un Chinois sur dix n’aura pas « d’homologue féminine » de son âge, et cette proportion passera à un sur cinq en 2020, avec tous les problèmes sociaux et humains qu’entraînera cette situation.
Quatre pays.
Mais quatre pays européens subissent eux aussi ce phénomène d’une manière aussi forte que l’Asie : l’Albanie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie ont des sex-ratio de 112 pour 100, motivés là aussi par la préférence des parents pour des garçons. Le Conseil de l’Europe rappelle à l’ensemble de ses États-membres – dont les quatre pays concernés – que la sélection prénatale en fonction du sexe ne devrait être employée qu’à des fins de prévention de maladies héréditaires graves, et réclame un renforcement des législations éthiques et générales à ce sujet. Il suggère aussi aux autorités sanitaires de demander au personnel médical des hôpitaux de « présenter aux parents de manière positive » les informations sur le sexe de l’enfant à naître, lorsque ces informations sont autorisées. L’auteure du rapport, la parlementaire suisse Doris Stump, avait souhaité que les médecins « ne révèlent plus le sexe du fœtus » aux parents, mais n’a pas été suivie par ses collègues lors de la discussion et du vote du texte.
Le Conseil de l’Europe appelle les quatre pays présentant les plus grands déséquilibres à lancer des campagnes de sensibilisation du public sur la sélection prénatale et ses conséquences, mais aussi à former le personnel médical à ces questions. En outre, il rappelle l’importance de faire évoluer dans ces pays le statut des femmes dans la société, tant en changeant les mentalités qu’en faisant respecter les lois sur l’égalité et la non-discrimination.
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