René Frydman : « L’innovation thérapeutique est impossible »

Publié le 08/02/2011
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Crédit photo : S Toubon

La recherche sur l’embryon interdite

« La bonne solution » serait de distinguer, une fois pour toute, la recherche sur les cellules souches embryonnaires (qui doit être « encadrée et transparente ») de la recherche sur l’embryon qui, interdite, « nous a, de ce fait, barré la vitrification ovocytaire car cette technique est assimilée à de la recherche sur l’embryon ». « Cette confusion abouti à une impossibilité de faire de l’innovation thérapeutique, innovation qui nous permet de travailler sur des gamètes et des embryons dans le but de mieux répondre au projet parental ». Parallèlement, René Frydman estime nécessaire de réformer un système inextricable : « Le principe de précaution a fait que les Français sont devenus les rois du mille-feuille : quand vous avez une idée, il faut six mois pour la mettre en forme et quatre ans pour la faire germer. Entre-temps, elle a été appliquée ailleurs. » Selon lui, la loi devrait obliger les organismes concernés à rendre une réponse groupée sur un projet.

L’assouplissement des règles du don d’ovocytes aux femmes n’ayant pas d’enfant est une bonne chose, « même si ça ne résout pas tout » : il reste la question de l’indemnisation et des campagnes d’information. « On devrait également réfléchir à la création d’une banque d’ovocytes », sur la base de la gratuité. « En 2008, 260 femmes ont bénéficié d’un don alors que 5 000 en ont demandé », ajoute-t-il. Concernant l’anonymat du don de gamètes, « je pense qu’il ne faut rien imposer ». Le Pr Frydman est « favorable à un double guichet » qui respecterait à la fois la volonté du donneur et celle de l’enfant arrivé à majorité. Quant à l’argument de l’inégalité entre les enfants (certains bénéficiant donc de la levée de l’anonymat quand d’autres non), « elle me paraît farfelue ». René Frydman se dit « attaché au caractère médical de la prise en charge » des couples dans le cadre de la procréation médicalement assistée. Toutefois, en dehors du système de santé solidaire, pourquoi ne pas l’ouvrir aux femmes homosexuelles, s’interroge-t-il. Favorable au transfert post-mortem (« heureusement rarissime ») car il y a « l’intention d’un homme et d’une femme », René Frydman reste catégoriquement opposé à la gestation pour autrui, une pratique qu’il faudrait, selon lui, abolir au-delà des frontières françaises.

S. H.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8902