L’actualité estivale a sans surprise été marquée par la propagation du virus SARS-CoV-2 à la faveur du déconfinement et du relâchement de la population durant les vacances. Mais pas seulement. Polémiques, annonces, buzz… condensé de ce qu’il ne fallait pas manquer au cours des dernières semaines.
2 août : Les annuaires de soignants noirs font scandale
Début août, la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) interpelle le gouvernement sur l’existence d’annuaires communautaires contraires selon elle à l’esprit de la République. L’association met en cause l’initiative d’un collectif de soignants, baptisé Globule noir, qui publie sur Twitter une liste de gynécologues noirs et relaie l’appel d’une patiente recherchant une « infirmière à domicile racisée ». « La folie identitaire conduit à cela : choisir son médecin en fonction de la couleur de son épiderme », s’alarme la LICRA. Le 11 août, l’Ordre des médecins condamne à son tour la constitution d’annuaires de professionnels de santé communautaires et invite les personnes victimes de discrimination à se manifester auprès de ses instances.
7 août : Véran appelle les Français à « tenir bon »Grosse chaleur et port du masque ne font pas bon ménage. Alors que les signaux indiquant un retour de l’épidémie se multiplient, le ministre de la Santé, Olivier Véran, en visite en Dordogne, appelle les Français à « tenir bon », même si les fortes chaleurs rendent certains gestes sanitaires difficiles. Selon un bilan hebdomadaire publié la veille, le nombre de personnes diagnostiquées positives au nouveau coronavirus en France a augmenté de plus de 30 % en une semaine, plus vite que l'augmentation du nombre de tests de dépistage réalisés. « Partout il faut être vigilant », a ajouté le ministre, « en milieu d'entreprise, en EHPAD, dans les réunions familiales, dans les milieux festifs, dans les restaurants ou sur la plage ». Et quant au port du masque dans les rues, de plus en plus prescrit dans les communes, « le risque suspecté de transmission aérosol (...) justifie de prendre tous les moyens possibles pour lutter contre le virus », a-t-il dit, « on suit les recommandations de l'OMS ».
8 août : Euthyrox, l’ancienne formule du Lévothyrox prolongée d’un anL’affaire du Lévothyrox refait surface début août : la DGS (direction générale de la santé) annonce que l’ancienne formule de ce médicament utilisé dans les troubles de la thyroïde ne sera pas retirée du marché en septembre 2020, comme c'était prévu. Fabriqué par le laboratoire Merck, l’Euthyrox sera finalement disponible jusqu’à fin 2021, selon les informations révélées par l’Association française des malades de la thyroïde, qui se réjouit de cette décision. Très mobilisés sur les réseaux sociaux, des milliers de patients s’étaient plaints de la nouvelle formule de ce produit, introduite en mars 2017, l’accusant d’être à l’origine de nombreux effets indésirables. En septembre 2017, la ministre de la Santé de l’époque, Agnès Buzyn, reconnaîtra un « problème de communication » et décidera de réintroduire temporairement l’Euthyrox de Merck « pour les patients présentant des effets indésirables persistants » . Trois ans plus tard, l’Euthyrox est encore sur le marché.
12 août : anti-masque et antivax, un médecin suspendu d’exercice après publication de faux certificats« Pour moi le masque - comme les vaccins - c'est un mensonge », « une muselière ». Ces propos sont bien ceux d’un médecin, le Dr Eve Engerer, qui s’est confiée à France Bleu Alsace après sa suspension d'exercice pour au moins cinq mois. Le comportement de cette généraliste installée à Wangenbourg-Engenthal (Alsace) avait alarmé le conseil départemental de l’Ordre des médecins du Bas-Rhin dès le mois d’avril. Elle avait notamment publié sur un groupe Facebook de faux certificats, prêts à remplir, de contre-indication du port du masque. Eve Engerer assure avoir guéri des patients du Covid avec des vitamines, des huiles essentielles… « Elle disait aux patients de se rapprocher de la nature, de prier, voire même de répéter une succession de chiffres pour se protéger du Covid, ce n'était pas cohérent », a confié le Dr Jean-Marie Letzelter, président du CDOM. L’ARS du Grand-Est n’exclut pas de la poursuivre pour charlatanisme, indique France Bleu.
12 août : ouverture de la déclaration en ligne pour la reconnaissance du Covid comme maladie professionnelleLe gouvernement l’avait promis, c’est chose faite. Depuis ce jour, les victimes du Covid peuvent bénéficier des dispositions prévues pour les maladies professionnelles en se déclarant en ligne sur un site dédié. La mesure est valable pour les soignants et les médecins, à l’hôpital comme en ville, comme s’y était engagé Olivier Véran, le ministre de la Santé. « Pour que la maladie professionnelle soit reconnue, deux critères cumulatifs sont exigés : vous devez avoir été contaminé dans le cadre de votre travail et avoir nécessité le recours à l'oxygénothérapie (apport d'air enrichi en oxygène) ou toute autre forme d’assistance ventilatoire », rappelle l’Assurance-maladie.
12 août : « risque élevé » de reprise de l'épidémie sur fond de caniculeLe Premier ministre appelle les Français à se ressaisir pour éviter une reprise de l'épidémie de Covid-19, plaidant pour le port du masque malgré la canicule. « Je le dis avec une forme de gravité : si nous ne réagissons pas collectivement, nous nous exposons à un risque élevé de reprise épidémique qui sera difficile à contrôler », déclare Jean Castex lors d'un déplacement au CHU de Montpellier. « C’est la raison pour laquelle (...), je vais demander aux préfets de se rapprocher des élus locaux pour étendre le plus possible l'obligation du port du masque dans les espaces publics », ajoute-t-il, annonçant également un renforcement des contrôles sur le respect des règles et la prolongation de l'interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes jusqu'au 30 octobre. Malgré la chaleur qui étouffe la France depuis plusieurs jours, la population est appelée à respecter scrupuleusement les gestes barrières et la distanciation physique, ainsi que les consignes sur le port du masque.
13 août : la canicule 2020 dans le top 5 des épisodes de chaleur les plus intenses
Plus aucun département ne se trouve en alerte canicule, même orange, annonce Météo-France ce jeudi après-midi, mettant ainsi un terme à un épisode de fortes chaleurs qui a frappé une grande partie du pays pendant une semaine. Jusqu'à 15 départements, notamment la totalité de l'Ile-de-France et des Hauts-de-France, avaient été placés en alerte rouge canicule en raison des risques de surmortalité liés aux températures très élevées, combinées à la pollution à l'ozone et à l'épidémie de Covid-19. Même si ce nouvel épisode n'aura pas atteint l'intensité de ceux de 2019, avec un record à 46 °C, ni la longueur de la canicule historique de 2003, il devrait se classer dans les cinq plus sévères subis par le pays, avec des nuits tropicales, la barre des 40 °C franchie sur de nombreuses stations météo ou des séries de plusieurs jours consécutifs très chauds pour certaines villes, même au nord de la Loire. Par exemple, la station historique de Paris-Montsouris a enregistré six jours au-dessus de 35 °C en une semaine (contre 9 jours consécutifs en 2003), avec un pic à 39,1 °C.
15 août : de l'hydroxychloroquine contre les accidents de trottinette, le canular de l’étéL’opération (réussie) visait à démontrer le manque de sérieux de certaines revues payantes dans la publication d’articles scientifiques. Des médecins et chercheurs sont parvenus à faire paraître dans la revue « Asian Journal of Medicine and Health » un article totalement loufoque sur les effets de l’hydroxychloroquine dans la prévention des accidents de trottinette. Intitulé « Contrairement aux attentes, SARS-CoV-2 plus létal que les trottinettes : est-ce que l'hydroxychloroquine pourrait être la seule solution ? », le texte, publié le 15 août et depuis retiré du site par la revue, est hilarant, truffé d'absurdités, avec des références médicales farfelues comme les magazines « Picsou » et « Pomme d'Api ». Les noms des auteurs et de leurs institutions sont inventés : Didier Lembrouille, Nemo Macron (le chien du président), Otter F. Hantome (auteur fantôme), Sylvano Trottinetta et Manis Javanica (Pangolin en langage savant). Les auteurs du canular font référence à une vidéo de début 2020 du Pr Didier Raoult, intitulée « Coronavirus : moins de morts que les accidents de trottinette » en France. Ils ont ciblé la revue « Asian Journal of Medicine and Health » (AJMH), qui avait publié une étude promouvant l'hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19. Cette étude émanait de médecins français du collectif pro-hydroxychloroquine « Laissons les médecins prescrire », animé par les Drs Martine Wonner (députée groupe #EcologieDemocratieSolidarite) et Violaine Guérin. Les revues scientifiques les plus respectées avaient refusé de publier cette étude.
17 août : Thomas Fatome prend ses fonctions à la CNAMNicolas Revel appelé au cabinet du Premier ministre, Jean Castex, c’est Thomas Fatome qui le remplace à la direction générale de la CNAM. Il avait été officiellement nommé le 29 juillet, lors du dernier conseil des ministres. Originaire de Cherbourg, l’ancien directeur de cabinet adjoint d'Édouard Philippe connaît bien la maison pour y avoir été, de 2005 à 2008, directeur de cabinet du directeur général Frédéric van Roekeghem.
19 août : lettre ouverte de pédiatres, inquiets à quelques jours de la rentrée des classes
« Inqui[ètes] devant l'organisation de la rentrée », plusieurs associations de pédiatres demandent de privilégier les tests salivaires pour dépister le Covid-19 chez les enfants et de renforcer la vaccination contre d'autres maladies, pour sécuriser le retour en classe. Dans une lettre ouverte publiée ce jour, les signataires, dont la Société française de pédiatrie (SFP), le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) et l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), jugent réel le « risque de survenue de contamination par le SARS-CoV-2, aussi bien chez les enfants que chez les adultes » à l'occasion de la rentrée scolaire, et appellent à des « mesures adaptées mais raisonnables », alors que les symptômes du Covid-19 sont « très peu spécifiques ». Ils alertent en particulier contre « la pratique des prélèvements naso-pharyngés quasi systématiques (...) chez les enfants présentant une fièvre, des signes respiratoires ou digestifs », rarement positifs, dont les délais diminuent l'efficacité et dont l'aspect désagréable risque d'entraîner « des refus des enfants et/ou des parents ». Ces pédiatres recommandent plutôt les « tests de diagnostic rapide du SARS-CoV-2 (notamment salivaires), même moins sensibles mais permettant de prendre rapidement des décisions pour la majorité des patients ». Ils recommandent aussi de « renforcer la vaccination contre la grippe » et de « généraliser la vaccination contre le rotavirus des petits nourrissons », un virus responsable de gastro-entérites.
20 août : les médecins invités à se faire dépister à leur retour de congéFace à la recrudescence de l’épidémie sur le territoire, la Direction générale de la santé recommande aux soignants, notamment aux médecins, de pratiquer un dépistage de SARS-CoV-2 par RT-PCR. « Durant la période estivale, vous avez peut-être été en contact avec le virus et développé la maladie sans le savoir », relève la DGS dans un message diffusé sur la liste DGS-Urgent auprès des professionnels. cette recommandation, vaut pour les personnes :
- avec des symptômes évocateurs de Covid-19 ;
- identifié comme personne contact d’un cas de Covid-19 ;
- ayant participé à un rassemblement de nombreuses personnes (repas de famille, mariages, festivals, concerts, funérailles, etc.) ;
- au retour d’une zone à risque : séjour à l’étranger ou à Mayotte ou en Guyane ou dans un autre lieu, y compris en métropole, dans lequel la circulation du virus est élevée (foyer épidémique (cluster) ou incidence anormalement élevée) ;
- revenant de congés quelle que soit la zone de villégiature, s’il prend en charge des patients fragilisés : immunodéprimés, insuffisants respiratoires, sujets âgés.
24 août : près de 1 900 décès Covid à domicile selon l’Inserm 1 871 certificats de décès « avec mention de Covid-19 » de personnes mortes à domicile ont été recensés entre le 1er mars et le 31 mai par le Centre d'épidémiologie sur les causes de décès (CépiDc) de l'Inserm, selon des données provisoires publiées le 24 août. Pour 979 d'entre eux, la maladie Covid-19 a été confirmée, tandis que dans les 892 autres cas, il s'agit de « suspicions de Covid-19 », à une période où les tests de dépistage virologiques n'étaient pas réalisés systématiquement sur tous les malades, détaille le CepiDc sur son site internet. Ces données sont encore « incomplètes », avertit le centre, car la réception et le traitement des certificats de décès sont encore « en cours ».
27 août : la contraception gratuite étendue aux moins de 15 ansLes frais liés à la contraception des jeunes filles de moins de 15 ans seront pris en charge à 100 % par l'Assurance-maladie, selon un décret publié le 2 août au « Journal officiel ». Inscrite dans le budget de la Sécu pour 2020, cette mesure restait suspendue à la parution de ce texte, qui entrera en vigueur vendredi. Les mineures de moins de 15 ans n'auront désormais plus à s'acquitter du ticket modérateur pour les consultations de médecins ou sages-femmes, les examens biologiques, les médicaments et les dispositifs contraceptifs. Cette gratuité était déjà accordée depuis 2013 à leurs aînées de 15 à 17 ans, dont le taux de recours à l'IVG (interruption volontaire de grossesse) a nettement baissé depuis, passant de 9,5 à 6 pour 1 000 entre 2012 et 2018. Pour justifier l'extension aux moins de 15 ans, le gouvernement avait indiqué fin 2019 que « chaque année, près de 1 000 jeunes filles de 12 à 14 ans sont enceintes en France » et que « parmi ces grossesses, 770 se concluent par une IVG ».
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